Nous sommes le vendredi 14 janvier, il est 17h16. Je sonne au petit portail gris de la propriété de M.. Il vient m’ouvrir et nous échangeons les formules d’usage. Je suis le premier. Je m’installe à table. Etant en avance, j’ai pris le temps de m’acheter un bout de pain, quelques endives et un morceau de fromage. Je suis affamé, je ne perd pas plus de temps et me lance dans la confection d’un solide sandwich. Mon pote me sert un délicieux café dont il a le secret.
A ce propos je ne vais pas tarder à lancer une souscription pour l’achat d’une machine à café équivalente à celle du joli barbu étourdi. Je ne manquerai pas de vous reparler de ça bientôt, histoire d’être au point pour mon anniversaire.
Nous sommes rejoins par celui qui ce soir ne sera pas que spectateur, mais aussi un peu au travail. Et pour finir Simone arrive, rayonnante comme à son habitude, un peu en retard. C’est presque une coutume pour les soeurs du couvent du Nord.
Nous montons en voiture, bassin minier, nous voilà. Les premiers kilomètres sont ponctués de quelques saloperies bien envoyées. J’en prend pour mon grade. Y a de la bitch de qualité ce soir. Le trajet est long, surtout quand on a vu la mort de près. Et non pour une fois celui qui déambule dans le monde à l’envers était bien passager.
Peu de temps avant d’arriver à destination, au détour d’une phrase, je comprends l’impensable. Malgré des déclarations sans équivoque à ce sujet, les soeurs mènent une action sans nous emmener. Vous me connaissez, je suis un garçon pondéré, qui sait faire la part des choses. Mais je suis scandalisé, et je fais donc vun scandale. Je menace de me jeter sous les roues de la voiture, après m’être assuré que nous étions bien garé. Je suis outré. Secondé de D. nous échafaudons rapidement un contre week-end en tout point meilleur que celui du couvent. Revigoré par cette perspective je suis le trio vers l’entrée.
Mais dans la pénombre quelqu’un se tient devant nous. C’est Sissy, une autre soeur, je ne savais pas qu’elle venait. Ah bah elle sera pas venue pour rien. Je recommence mon cirque. Je cris à la trahison. Honnêtement, j’en fais des caisses. Nous arrivons sur une place. Une foule bigarrée s’étale devant les portes de la salle. C’est un joyeux patchwork de couleurs, textures. Des filles clairement lesbiennes, des mecs clairement gay, et un large de personnes se situant sur l’éventail entre ces deux étiquettes. Nous saluons quelques têtes connues. Nous commençons à faire la queue.
Ça fait maintenant 20 minutes que nous attendons dehors. Ça n’avance pas, on ne comprend pas trop pourquoi. A priori la salle sera pleine ce soir et c’est assez rare. Je veux bien qu’on soit un peu débordé. Mais comme il fallait réserver, c’était à prévoir. Heureusement que je suis en bonne compagnie parce que je commence à perdre patience. Finalement nous pénétrons dans le hall mais la queue continue jusqu’aux caisses. Pardon je m’emballe. Jusqu’à La caisse. Parce que oui y en a qu’une et c’est un véritable bordel. Je sens les dernières brides de self control s’échapper de ma raison. Le point de non retour est proche. Je laisse donc M. se charger de payer mon entrée, pendant que je m’isole, en retrait de ce souk. Munis des billets nous avons pu, enfin pénétrer dans la salle. Un dernier coup d’œil au dessus de mon épaule. Je compatis avec la bonne trentaine de personnes qui fait encore la queue dehors. Ils sont pas prêts de rentrer.
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