Nous sommes le dimanche 5 janvier, il est 17h25, il reste encore 1,4 km avant d’arriver à l’aéroport de Nantes Atlantique et l’aventure commence déjà. Le traffic est de plus en plus ralenti. Nous finissons par entrer dans le parking dépose minute. Je quitte mon père qui m’a accompagné, je rentre à Lille après deux semaines de vacances.
Je repère la porte d’embarquement et me dirige vers l’accès aux contrôles de sécurité. Premier obstacle majeur : tout le monde est massé devant l’escalier ça avance au compte goutte. Je repère rapidement le problème : Maurice a accompagné Huguette jusqu’au bout. Mais il a pas de carte d’embarquement et n’aurait pas dû pénétrer dans cette zone. Résultat il doit remonter le flot des voyageurs telle un saumon sauf que Maurice il a surtout la gueule d’un vieux mérou pas frais. Autre raison de ce ralentissement la majorité des gens tendent une pièce d’identité alors que Samoa elle est juste là pour vérifier si tout le monde a bien un vol pour aujourd’hui.
Heureusement je passe la première épreuve.
Arrivé au sommet de cet escalier, Pierre me tend un sac transparent pour mes liquides. Je refuse poliment. J’ai pas de liquide.
Après deux trois virages dans les files façon EuroDisney, je suis dispatché par Fanta dans la file 5b. Déjà j’aurais dû me méfier, y a qu’une file qui porte une lettre en plus de son chiffre.
Mais il n’y a que deux jeunes filles et un monsieur d’une cinquantaine d’années qui est déjà en train de déposer ses affaires dans les bacs. Il n’y a pas de raison que ça prenne du temps.
Mais, il s’avère que Raymond, le cinquantenaire, est tout sauf préparé et il n’a pas du tout conscience qu’il vit au milieu d’autres humains.
Tout d’abord, il ouvre son immense valise à la recherche de sa trousse de toilette. Et il cherche, il cherche. Ahhh il l’a trouvé! Maintenant il faut qu’il mette la main sur ses produits liquides pour les mettre dans le sac transparent offert par Pierre. Emilie qui gère le chargement du tapis roulant avant le passage aux rayons X tente poliment de presser Raymond et lui indique que si il le souhaite il y a une immense table située juste derrière lui pour qu’il se prépare avant de tout mettre sur le tapis. Mais Raymond est un con, il a sa place dans la file (qui n’en est plus étant donné que tous les gens qui le précédaient sont partis). Donc Raymond replace sa trousse de toilette au fond de sa valise, il prend le temps de refixer les élastiques en croisillons. Il referme sa grosse valise en la verrouillant. Emilie lui explique qu’il doit maintenant retirer tous les objects métalliques de ses poches. Et au lieu de vider l’intégralité dans le bac, il s’appuie d’une main et de l’autre pioche au fur et à mesure. Les cinq secondes de patiente que je possède comme tout parisien sont écoulées depuis environ quatre minutes. Je suis sur le point d’exploser. Mais Raymond se décide à tenter le passage sous le portique. Ah non, il a oublié sa ceinture. Il repart, enlève sa ceinture, prend le temps de l’enrouler.
Je cherche les cameras persuadé qu’il s’agit d’un piège genre caméra cachée.
Il fait un pas vers le portique. Émilie (qui fait tout pour garder son calme, mais qui ressemble à une cocotte minute sur le point d’exploser) lui répète une énième fois les consignes. Encore perdu, il avait encore des clefs et son portable dans les poches. Il passe finalement sous le portique.
Et ça sonne, forcément. Bien sûr il ne comprend pas « mettez les bras en croix s’il vous plaît ». Ce débile croise les bras.
Petit passage de détecteur mais qui est vite interrompu. Cyrille qui visionne les images de la machine à rayons X a un problème. L’énorme valise de Raymond ne passe pas dans la machine. Cécile et Cyrille tentent d’expliquer au phénomène qu’il ne pourra pas embarquer en cabine avec un tel baggage. De toute façon il devra payer un supplément et qu’il sera placé en soute. Il serait donc plus judicieux de l’enregistrer au comptoir de sa compagnie et de revenir faire le contrôle. Forcément Raymond a du mal à comprendre ce qui est pourtant trivial. Au bout de deux minutes, ils parviennent à le convaincre, l’argument financier ayant eu raison de Raymond.
Il fait donc demi tour retourne devant les bacs, et le plus naturellement du monde commence à piocher dedans. Émilie lui demande de récupérer ses affaires de les poser derrière lui pour libérer la place. Et là Raymond râle « je vais pas me laisser emmerder par une bonne femme »
Là y a erreur système dans mon cerveau. Le barrage cède. « le seul qui emmerde le monde c’est vous. Vous prenez vos affaires et vous libérez le passage point. Raymond est un con mais surtout Raymond est un pleutre. Il marmonne bien quelque chose, mais il prend son bordel et le contrôle peut enfin reprendre.
Je dépose tout dans les bacs, passe le portique et me met légèrement en retrait le temps que mon sac passe au rayons.
J’entends soudain Cécile demander à la jeune fille qui était devant moi ce qu’elle a dans son baggage qui ressemble à un pot de confiture. Je m’approche et indique qu’à mon avis elle parle de mon baggage. La jeune fille est prise de panique et affirme avec force que c’est bien son baggage qui est devant elle.
Levage d’yeux au ciel, ce soir c’est mon soir.
Bien sûr que c’est votre sac en revanche le suivant de forme rigoureusement identique est le mien et contient un pot de confiture. Cécile a un immense sourire et me demande ce qu’il contient. Moi aussi je me marre et je lui répond une fougère. Elle me demande de la suivre. Elle dépose mon sac sur une petite table et me demande si elle peut ouvrir et fouiller mon sac. « Bien sûr je vous en prie. Le pot est au fond du sac entouré de mes T-shirts. »
Elle plonge son bras farfouille avant de mettre la main sur le dit pot. « Oh elle est magnifique ! Mais pourquoi vous avez une fougère ? »
« Parce qu’elle est magnifique. »
« C’est une espèce spéciale ? Je suis désolée si je suis trop curieuse, mais ça m’intrigue »
« J’en sais rien du tout. Je l’ai récupérée parce que je la trouvais belle, sur un mur parmi une centaine d’autres fougères. »
« C’est pour mettre dans votre jardin ? »
« Non en pot dans mon salon »
« Oh super. Bon bah je vous retiens pas plus longtemps. Bon vol »
« Bonne soirée »
Je referme mon sac le passe à mon épaule et pars à la recherche de ma porte d’embarquement.
Je traverse cette saloperie de zone duty free qui empeste le parfum, comme une vieille à l’opéra.
Je trouve la direction de ma porte d’embarquement et m’y rend.
Y a quatre portes côte à côte dans un coin de l’aéroport. L’espace d’attente est surchargé. Y a 80 places assises, on est au bas mot, 56 000. Tout le monde a bien pris sa valise au gabarit fixé par la compagnie, ou presque. Certaines personnes ont quand même pas compris le concept de baggage unique, y en a qui vont jusqu’à 4 pièces. Il fait une chaleur pas possible. Un rapide coup d’œil me permet d’identifier la raison de cette affluence. Ils ont décidé de faire embarquer les 4 vols qui partent dans l’heure, au portes 15, 16, 17 et 18. Y en a ils auraient peut-être dû rester plus longtemps à l’école ou allumer leur cerveau.
Les enfants braillent, courent en se faufilant entre les jambes des voyageurs, c’est vraiment un beau moment. Finalement au bout de quelques minutes, qui m’ont semblé durer trois semaines, deux embarquements commencent quasi simultanément. Déjà quand il s’agit de remplir un avion c’est pas joli à voir mais là c’est digne des heures les plus sombres de Verdun. Les gens se bousculent, se gueulent dessus. Ils sont tous debout alors qu’ils ont demandé « uniquement les passagers nécessitant une aide pour l’accès à bord où munis d’un billet speedy boarding ». Au bout d’un certain temps, une hôtesse rappelle qu’une seule valise est tolérée que les autres sacs doivent être placés dans celle ci. Les voyageurs chargés comme des Sherpas ne bronchent pas. Mais quelques minutes plus tard, nouvelle annonce qui précise que le quota de baggage en cabine est atteint et que désormais ils seront placés en soute. Là en revanche, ça gueule. Les débiles et leurs 4 sacs conspuent la pauvre hôtesse. L’envie d’actes de barbarie répétés se fait très présente. Heureusement qu’ils ne scannent pas nos pensées avant de monter à bord.
Les deux premiers embarquements ne sont pas terminés mais déjà les deux autres débutent. Il est 18h25, la fermeture des portes est prévue pour 18h35…
Finalement à 18h55, soit 10 minutes avant l’heure initiale du décollage, je me lève et rejoins les quelques personnes qui attendent devant le comptoir. Le hall est désormais quasiment vide.
Je passe rapidement le contrôle des cartes d’embarquement et rejoins notre appareil. Je monte à bord et rejoins mon allée. Miraculeusement deux énormes valises remplissent le coffre à bagage laissant uniquement la place pour mon sac. Je m’installe. Un coup d’œil à la brochure de sécurité confirme que je suis bien à bord d’un Airbus. Un ordinateur est donc aux commandes de l’avion, il ne peut pas nous arriver grand chose. Ça tombe bien j’ai eu ma dose…

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