Sephora, épargné cette fois

Nous sommes le jeudi 13 juillet, il est 16h23. Je quitte mon bureau, mais je ne rentre pas directement chez moi. J’ai une mission à accomplir : je dois aller chercher une carte cadeau Sephora pour l’anniversaire de S. la campagnarde. J’opte pour la marche. Il fait beau. Il fait bon. Autant en profiter. Est ce que j’en profiterai pas pour me prendre un café ? Aller je fais le fifou. Je passe donc par la rue esquermoise où se trouve le Starbucks. Il n’y a pas grand monde. Je commande rapidement un double expresso mixé avec de la glace. On me demande mon prénom. Le barista est peu long mais j’obtiens ma boisson. Je sors du café et reprends mon trajet. Mon regard se pose sur le gobelet. WTF Le mec a inversé les deux dernières voyelles de mon prénom. On me l’avait jamais faite celle-la. 

Je traverse la grand place et arrive devant l’enseigne. Putain je déteste cet endroit. Ça sent tellement fort tous ces parfums. Je prends une grande inspiration et m’engage. Je file au fond du magasin où se trouvent les caisses. Il n’y a qu’une caisse d’ouverte sur les dix. On se croirait à la poste. En plus les clients devant moi font preuve d’une grande originalité pour perdre un maximum de temps. Genre commencé à chercher leur carte au fin fond de leur sac une fois que Jeanette a passé leur 7 articles.  Puis après c’est au tour de la carte bleue. Putain ils me gavent. Jeannette fait fort aussi. Elle attend que le paiement soit validé avant d’aller chercher des échantillons. Elle revient avec trois doses de je-sais-pas-quoi. Mais ça ne suffit pour la cliente. Donc Jeanette repart chercher autre chose. Je vais les tuer. On passe finalement au client suivant. Ça dure, ça dure et pas comme j’aime. 

Mais soudain bouleversement, Enzo ouvre une deuxième caisse. C’est enfin mon tour. – Bonjour je voudrais une carte cadeau de 50€. « Il vous faudrait une carte cadeau ? ». Là je bloque un peu. – Oui c’est ce que je viens de dire. « Et vous voulez mettre combien ? » Là c’est obligé il se fout de ma gueule. – 50 €. « Vous avez la carte de fidélité ? » Je suis de plus en plus désespéré. – Non, je n’ai pas la carte de fidélité. « Vous connaissez quelqu’un qui en possède une. Je peux faire une recherche avec un nom. » – Non. Et je veux pas non plus en faire. Je voudrais acheter ma carte cadeau et me casser. C’est pourtant pas compliqué. 

Erreur fatale. J’ai rompu sa routine. Je vais le payer cher. « Monsieur ça sert à rien de s’énerver, je demande à tous nos clients si ils ont une carte de fidélité. Ça permet d’accéder à de nombreux avantages. » J’étudie quelle est la meilleure façon de bondir de l’autre côté du plexiglas, le choper et lui casser la gueule. Finalement je réplique : – C’est juste très long pour une simple carte cadeau. Il paramètre le TPE, je vais enfin pouvoir payer. Peut être après tout est-ce la fin de mon calvaire ? Enzo crédite la carte cadeau. Il me dit « Ne vous inquiétez pas, je n’en ai pas pour longtemps. J’ajoute juste les informations. » Moitié provocateur, moitié condescendant. Oula va falloir qu’il se calme tout de suite le rebelle en papier mâché. 

Il me tend la petite pochette qui contient la carte cadeau et je peux enfin fuir cette antichambre de l’enfer. Une fois à l’air libre, je prends le temps de jeter un coup d’oeil à ce qu’Enzo à ajouter. Il a inscrit le montant de la carte, parce que oui, je ne vous ai pas dit mais la carte est payante. J’avais jamais vu ça. Bref. Et il a noté la date de fin de validité, dans un an. Sauf qu’Enzo il est très limité, il a mis la date du jour.