Nous sommes le lundi 7 mars, il est 6h25. Je me réveille la gueule dans le cul. Après quelques minutes de brouillard je me rappelle de la raison de ma fatigue. Hier soir, j’ai travaillé sur le support de formation, que j’ai créé il y a deux semaines, pour y ajouter quelques modifications. Mais j’ai aussi commencé un tout nouveau support et j’ai entrepris de refaire complètement des grilles de calcul. Tout ça pour la gloire me direz vous, et bien vous avez parfaitement raison. Mais avec tout ça, je me suis couché vers les 1 heure du mat. Et je vous annonce toute de suite, 5 heures de sommeil, c’est pas assez. Surtout quand le connard qui me sert de chat squatte mes jambes pour récupérer de la chaleur et m’empêche de me tourner librement pendant mon sommeil.

Je me lève donc avec difficulté. Oh la vache, j’ai mal partout dans les jambes et le dos. J’ai l’impression d’avoir 70 ans. Je parviens tout de même à exécuter mon pti rituel du matin. Je récupère ma gamelle préparée hier soir #organisation et je pars de chez moi. J’arrive à la porte de l’immeuble, j’appuie sur l’interrupteur pour la déverrouiller et j’appuie sur la poignée. Rien, la porte reste bloquée. J’essaye une deuxième, troisième, quatrième fois. Je sens la colère me submerger. Rassemblant toute ma force mentale, je tente de me calmer et d’agir avec calme et délicatesse. Je sens que c’est l’ultime essai. Si j’échoue j’arrache la porte. Je prends une grande inspiration, j’appuie une énième fois sur la poignée… le pan pivote. Il était temps.

Je me retrouve dans la rue et ses -3°. Mon faciès s’est instantanément figé. Il fait froid comme le téton d’une sorcière. Je file jusqu’au métro et m’engouffre dans la station et sa moite chaleur.

Je monte dans une rame au sol étincelant. Il est tellement brillant que je ne vois que ça. Enfin ça c’était jusqu’à l’arrêt Gare Lille Flandres. Un mec, la trentaine s’assoit à côté de moi. Il a des cheveux brun mi longs, un beau visage de ce que j’en vois. Il est bien agité pour un lundi matin. Il arrête pas de tripoter son masque. Il s’en sert pour couvrir ses yeux. Il a dû avoir une grosse soirée hier. En parlant de grosse, je remarque, au bout de quelques arrêts que son jeans dessine une énorme bosse. Est ce juste un pli du tissus ou bien est il dans une forme olympique ? En tout cas j’ai une incroyable envie de vérifier. Mais je suis une belle personne comme vous le savez et je suis rester sagement assis.

J’arrive vers 7h40 à mon arrêt. Je monte les marches de l’Escalator mais j’ai mal partout. Je me demande pourquoi je suis courbaturé comme ça. J’ai pourtant pas fait de sport. Et là d’un coup, une révélation. Samedi je suis allé chez la maraichère de mon AMAP pour filer un coup de main. Elle a eu de gros dégâts au moment de la tempête. Et j’ai passé mon samedi matin à bêcher la terre comme un forçat. C’est pour ça que j’ai l’air d’un vieux en marchant.

Dix minutes plus tard, je suis sur le grand plateau et j’allume tout de suite mon ordi. Je dois encore imprimer le support de formation et préparer le fichier partagé pour la semaine. Je me connecte rapidement et lance l’impression. Après avoir badgé mon arrivée, je me lève pour récupérer mes copies. J’entends des gens passer dans mon dos. Je sors un « bonjour » sans conviction et surtout sans me retourner. L’une des deux lance un « bonjour » tonitruant sans aucune mesure. Elle attend deux secondes et enchaîne « les gens sont malpolis et ne répondent pas ». Coup d’œil circulaire, personne. Je comprends qu’elle s’adresse à moi. – J’ai dit bonjour. « Ah bah je l’ai pas entendu ». J’ai une furieuse envie de lui répondre : normal vu tout le boucan que tu fais connasse. Mais je suis une belle personne. Je ne dis rien et retourne m’assoir. Mais elle est en boucle sur ça. Elle me saoule tellement. Exaspéré je rétorque : – Si les gens ont pas envie de dire bonjour c’est encore possible. « QUOI ?! » – Que je sache c’est pas une obligation de dire bonjour, si j’ai pas envie de dire bonjour, je dis pas bonjour. « Ça m’étonne pas de toi, ça ne fait que confirmer ce que je pensais de toi. » – Si tu savais à quel point j’en ai rien à foutre de ce que tu penses de moi. 

J’aurais dû ponctuer cette dernière tirade en allant lui mettre une grande baffe dans sa gueule, mais je suis une belle personne. En attendant il est 8h07 et on me casse déjà les couilles. J’essaye de me concentrer sur ce qui me reste à faire. Je récupère le fichier base de données que j’ai créé vendredi soir et à l’aide de quelques formules je complète le nouveau tableau pour la semaine qui arrive. Il est 8h22 quand je termine. Je vais récupérer un porte vues, deux bloc notes et deux stylos pour les nouveaux. Car oui cette semaine pour la deuxième fois, je forme de futurs collaborateurs. Je me suis fixé comme objectif de ne pas paraitre exaspéré ni être condescendant, un vrai défi pour moi.

Ils sont que deux, mais y a du level. Y a un gars et une nana. Le mec la première fois qu’on l’a vu, on s’est demandé si il était majeur. Perso je lui donne 15 ans. Je me suis dit si on lui pique son gouter on va se faire choper par sa mère à la sortie. Je garde le meilleur pour la fin, la nana. Alors je sais il faut pas juger un livre d’après sa couverture mais quand même… Elle a passé la semaine dernière en crop top. Elle est orange et porte des faux cils qui doivent peser chacun 150g (en plus elle sait pas les poser correctement). Mais beaucoup plus grave, parce qu’à la limite ça on s’en fout, elle n’a aucune logique. Elle ne sait pas faire un simple calcul de tête. Exemple parmi tant d’autres : Monique à 63 ans en 2022, quel âge avait-elle en 2021 ? Réponse 64. OK. Autre exemple : Johnny est né le 12/03/01 quelle est la date anniversaire de ses 18 ans ? Le 12 mars 2022. Je peux vous dire que c’est pas facile de ne pas se foutre de sa gueule.

À 13h00 je vais m’installer dehors afin de profiter du splendide soleil. On me complimente sur la couleur de mon vernis. J’en profite pour leur raconter l’origine de ce chef d’œuvre ongulaire.

DÉBUT FLASHBACK Samedi matin, en travaillant la terre nourricière j’ai explosé mon vernis. Comme les champs de ma maraîchère sont inaccessibles en transports en commun, j’ai emprunté à N. sa voiture. Je suis rentré vers midi. J’ai mangé, pris une douche. Il était temps de re-déposer le bolide (un Porsche Cayenne V12 5L bi turbo). Je trouve de la place dans la rue où je l’avais récupéré la veille. Je parviens à me garer en ayant pris 12 % de masse musculaire. Car oui autant vous dire la vérité le véhicule est en fait une Twingo de 1912 sans direction assistée. Bref. Comme d’hab je vous la fait courte.

J’appelle ensuite N. pour lui rendre les clefs de sa boîte à savon. Elle me répond d’une voix pâteuse qu’elle est dans son lit. WHATTTTT ?!?! Il est 16h54. Je la préviens que j’arrive chez elle dans quelques minutes et qu’elle doit s’habiller on sort. Quand j’arrive elle est n’est bien entendu pas prête. Elle se ballade en mini short devant moi. Je râle et lui dis de se dépêcher on doit aller se faire faire les ongles. Protestations vaines de l’intéressée, vous le savez tous. On fait comme M. a décidé. On se rend donc dans une adresse connue du vieux Lille. Le local est plein. Je demande si il reste de la place pour deux aujourd’hui. « Oui mais pas avant une heure » Parfait.

On convient d’aller boire un verre pas loin. Après avoir attendu 5 minutes en terrasse en râlant sur les jeunes qui font trop de bruit, on opte finalement pour une table à l’intérieur. Nous prenons une pinte chacun. À l’heure prévue nous levons le camp. N. insiste pour payer je la laisse faire. Elle insère sa carte saisit son code. Dès l’apparition de la mention « paiement accepté » elle sort. On se regarde avec la gérante, sa carte est toujours dans le TPE. Je la récupère, sors et à grandes enjambées rejoins N. Soudain elle s’arrête tapote ses poches. Je me dis c’est bien elle a pas mis longtemps à s’en apercevoir. Elle annonce « ah c’est bon j’ai mon portable » et reprends son chemin. Levage d’yeux au ciel. Je lui rend sa carte.

Nous arrivons au bar à ongles, pour l’instant aucune place n’est dispo. On nous passe les nuanciers pour que nous puissions faire notre choix. N. semble complètement perdue. « C’est la première fois que je fais ça. » – Ouais enfin là c’est pas sorcier on te demande d’opter pour une couleur. Une place se libère. Je pousse l’indécise dans la gueule du loup. Cinq minutes plus tard, je la rejoins. Cynthia qui s’occupe d’elle est en train d’essayer de rendre une forme humaine aux mains de N. Y a du taff. Je choisis ma couleur en deux minutes après avoir hésité entre trois teintes j’opte pour une nuance de céladon du plus belle effet.

Ils sont magnifiques

La base est posée sur mes dix doigts que N. n’a toujours pas réussi à se décider. Et on se marre. On c’est moi, les clientes (de vieilles bourges), Cynthia et Prescillia qui s’affaire sur mes doigts délicats. À chaque nouvelle consigne, N. est un peu plus perdue. «Donnez moi l’autre main » et là, N. se met à chercher. Je peux vous dire qu’elles se sont jamais autant marrées. Autant lors de ma première fois j’étais l’attraction de la boutique, mais là je suis complètement éclipsé par l’impératrice du monde à l’envers. FIN DU FLASHBACK

Nous finissons notre pause déjeuner. 13h30 il est temps de reprendre la formation. Pas facile de se motiver. Je fais pourtant de mon mieux. À grand renforts de schémas, exemples concrets et patientes explications. J’ai tout de même l’impression que ça va mieux. À 16h, je leur souhaite une bonne journée, je referme la salle de formation et retourne sur le grand plateau pour faire les quelques bricoles indispensables. Quand j’arrive auprès de mon équipe je crois halluciner. Ça gueule comme sur le marché de Wazemmes « DE TOUTE FAÇON VOUS VOUS LAISSEZ FAIRE VOUS DITES JAMAIS RIEN. CETTE ÉQUIPE EST GÉRÉE N’IMPORTE COMMENT »

Je m’installe sur ma chaise. Ma cheffe d’équipe se barre en coup de vent. Perso j’aurais lapidé l’agent responsable. Mais la fuite est une option originale. J’essaye de comprendre la situation. Et très vite je pige. La direction a demandé à ce qu’une personne de notre équipe rejoigne une autre activité. Je ne réagis pas. Je range mon poste de travail, je pointe et j’attends à l’extérieur de la boîte. Car j’ai bien l’intention de leur dire le fond de ma pensée.

Au bout de dix minutes, un premier groupe arrive. – Vous êtes des abruties. (Une bonne entrée en matière il me semble) Vous allez obtenir l’exact opposé de ce que vous souhaitez. A ce moment celle qui a gueulé (appelons la Circé) essaye de placer un mot. – Je pense qu’on t’a suffisamment entendu laisses moi finir. La décision vient de tout en haut, ils ont réellement pas le choix. Si on avait conseillé à Synphony (l’agent qui doit partir) d’y aller sans broncher et de passer pour une teubée, ça serait passé crème.

Synphony, l’impératrice du monde à l’envers et moi prenons la direction du métro. Nous avons décidé de marcher aujourd’hui. Lors du coup de vent nous avions dû faire une partie du trajet à pieds puisque il ne circulait pas normalement. Depuis nous avons entrepris de faire le parcours Roubaix Lille par étape. Aujourd’hui nous descendons à Fort de Mons et terminons en surface. Ça nous permet de découvrir de nouveaux lieux et on prend l’air. Et cette portion est plutôt agréable. Y a pas trop de circulation et il fait beau. Arrivés aux abords de Lille Europe, nous essayons de convaincre Synphony de boire avec nous. Peine perdue elle se la joue sérieuse ce soir.

Nous continuons sans elle. Après avoir, trop longuement à mon goût, hésité sur le choix du bar, nous optons pour un lieu que je ne connais pas le Hein. Situé sur la place Saint Hubert, c’est un lieu moderne, un véritable piège à bobos. Et donc forcément ça marche à 2 000% sur moi. On est accueilli par ravissant trentenaire. La carte propose pas moins de quatre IPA, le paradis pour moi. On commande également un fuet parfumé au poivre un délice. Forcément N. doit se faire remarquer, elle opte pour la bière avec le titrage le plus élevé, c’est son critère. Levage d’yeux. Au bout de deux gorgées, elle comprend qu’elle ne pourra boire plus de ce breuvage. Car la bière la plus alcoolisée est une stout qui sent le réglisse à 800m. Heureusement le serveur est un amour, il apporte autre chose de moins goûtue.

Vers 19h30, nous envoyons un sms à la coloc de N. accessoirement ancienne camarade de fac. C’est elle qui avait conseillé ce lieu. Elle nous répond qu’elle est trop occupée ce soir. Comme nous sommes des personnes raisonnables, on rappelle dans la minute en proposant de venir avec frites et de la bière. L’intéressée nous rétorque qu’elle doit retourner à Douai pour récupérer un dossier au bureau. Après 3 minutes de réflexion (l’alcool ne facilite pas la réflexion) nous faisons une contre proposition, l’accompagner dans cette corvée. Et elle dit oui.

Nous commandons donc une portion de frites et filons en direction de la colloc. En arrivant devant l’immeuble N. me dit « ah elle est déjà en bas derrière le volant ». Elle désigne un grand utilitaire. Nous nous approchons rapidement, près à monter à bord. En fait il s’agit d’un vieux. Nous pénétrons dans l’immeuble pour aller chercher C.. Nous redescendons dix minutes plus tard et elle nous conduit devant son véhicule pro. Il s’agit d’un Partner donc nous allons être beaucoup plus serrés que prévus. Nous récupérons le périphérique et bientôt l’autoroute. Je suis compressé. N. a absolument voulu garder son énorme sac à dos avec elle à l’avant. Il bouffe 863 cm3 sur les 45 encore disponibles. Heureusement le trajet ne dure qu’une demi heure, parce qu’en plus d’être mal installé, j’ai peur de la conduite de C..

Nous faisons la visite des bureaux. C. nous présente avec fierté les outils les plus hors du commun. Après un pipi salvateur nous reprenons la route pour rentrer. Moi j’avais prévu qu’on mange une frite, une fois à Douai, c’est loupé. Il est 22h43 quand nous parvenons à nous garer. Nous remontons à la colloc. Elles décident de manger les restes. Moi j’ai eu une rude journée je mérite mieux. Je me commande un pti japonais (la bouffe, pas un prostitué).

Une fois mes gyozas avalés, je commence à somnoler. Il est temps pour moi de rentrer. Arrivé à Rihour j’opte finalement pour un VLille, comme si j’avais besoin de ça pour pimenter ma journée…

Catégories : 3615mylife

12 commentaires

Poulpe robot. · mars 10, 2022 à 16:16

Une belle personne ça met quelle couleur de vernis?

    Michaël · mars 15, 2022 à 07:51

    N’importe quelle couleur fait de toi une belle personne.

Georges · mars 10, 2022 à 16:35

Quel suspense, quelle dramaturgie ! J’ai mouillé ma culotte.

Mironton mirontaine · mars 10, 2022 à 22:04

Mais alors, le fait d’avoir finalement répondu à la grosse connasse fait il de toi une mauvaise personne ?

    Michaël · mars 15, 2022 à 07:51

    Je suis mal placé pour me juger.

TOP 50 · mars 10, 2022 à 22:08

Orange mécanique, mon nouveau personnage préféré !

RuPaul · mars 11, 2022 à 09:47

GUUUUUUUUUUUUUUUURRRRRLLLLL
This color is gorgeous !

    Michaël · mars 15, 2022 à 07:49

    Thank U Mama

Isaac · mars 11, 2022 à 11:53

Celadon c’est bleu ou c’est vert ? https://i.pinimg.com/736x/b2/7d/c3/b27dc328d421b3c84b472a08a40344cd–men-vs-women-for-men.jpg

Inspecteur gadget · mars 13, 2022 à 14:48

Quel suspense !

Voyage voyage · mars 14, 2022 à 13:25

On s’exporte de plus en plus chez DM

Mr Burns · mars 20, 2022 à 22:41

On me dit dans l’oreillette que Synphony a eu un spin-off et qu’il y’a eu un happy ending

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *