ADLP

Nous sommes le lundi 28 novembre, il est 17h33. Je suis en route pour la station Canteleu. J’ai une soirée de folie qui m’attend. Je vais enfin découvrir si Agnès a trouvé l’amour. Le suspense est à son comble. Cela fait deux semaines que l’épisode a été diffusé et que le dénouement est connu de tous ou presque.

Pourquoi je ne l’ai pas vu le jour même ? C’est une très bonne question. Tout d’abord parce que je suis vieux, et que je suis entouré d’amis dans la même condition. Tenir jusqu’à minuit avec pas loin de deux heures de pub entre chaque extrait c’est plus possible. Nous avons donc opté pour visionnage en décalé à J+7 pour commencer les épisodes plus tôt. Comme ça on mange notre soupe, on regarde et à 22h tout le monde est couché.

Ça explique le délai d’une semaine. Mais pourquoi deux ? Parce que je peux pas compter sur mes amis tout simplement. Figurez vous que la semaine dernière nous avions bien une séance de prévue. Mais à 10h07 M. m’envoie un message pour me prévenir que la soirée doit être décalée. Une raison valable ? La rédaction d’une lettre d’excuse ? L’envoi d’un escort boy pour tenter de compenser la perte ? Rien de tout ça. J’ai à faire à des ingrats.

Finalement j’ai appris quelques heures plus tard que le visionnage avait été décalé parce que M. avait accouché. Levage d’yeux au ciel. Je vous dis le monde part à vau-l’eau. De mon temps les femmes accouchaient sans qu’on soit au courant. Et quand on rentrait la table était mise et le pot au feu était chaud. Maintenant avec leur féminisme… L’annonce a été faite, pardon, ce déballage, sans aucune retenue, a eu lieu sur les réseaux sociaux (comme si ça intéressait les gens). Je m’attendais à ce que mon entourage conspue les nouveaux parents. Mais au contraire ils les ont chaleureusement félicité. Traites.

Je sors du métro et me dirige vers ma destination finale. Dans le même temps j’écoute une interview de Thomas Pesquet. Il faut bien que je trouve quelques questions à la hauteur. Puisque cet événement semble justifier l’annulation d’une soirée ADLP, il doit être d’envergure internationale.

J’arrive devant l’habitation qui renferme le précieux apport à l’humanité. Je frappe et rentre sans attendre la réponse, comme je le faisais précédemment. Je me faufile dans le salon-salle à manger-cuisine (une pièce 3 fonctions on se croirait chez moi). T. est en train de faire la vaisselle, M. est vautré sur le canapé. Ils servent à ça nos impôts ? Elle est belle la France.

N’ayant pas pu avoir d’informations concrètes sur un éventuel protocole, j’opte pour l’étiquette de la cour royale du Royaume-Uni. Je m’approche et je m’incline. La chose est là, collée contre sa mère.

Je vais tenter de vous la décrire. Imaginez un Shar Pei qui aurait perdu ses poils et chopé d’énormes coups de soleil. Le tout couronné d’un postiche fabriqué avec les cheveux récupérés dans le bac de douche. J’ai actuellement des remontées acides, mais la vision de l’engin n’a pas facilité le maintien des fluides dans mon estomac.

Et je vous parle pas du décor. Bon si je vous en parle. Elle est fagotée comme une bolchevique. Pas un vêtement coordonné, des matières naturelles… Une coupe de cheveux à se faire retourner Yves Bouthillier dans sa tombe. Elle est posée sur une alèse qui n’a pas été brodée, sûrement achetée dans un magasin même pas fréquenté par de bons chrétiens.

La pauvre n’a rien pour elle. On lui fait écouter de la musique… On dirait la playlist de France Inter. Alors qu’un album de Richard Wagner, on le sait, est propice pour développer son espace vital comme l’a démontré A.H. Pas un crucifix au mur, on s’en remet à la médecine moderne. La même qui a fait de nos hommes des femmelettes.

Et je ne vous ai même pas dit le pire. Le comble du wookisme. Ils se sont mis en tête de parler à la gamine en espérantos. « Pour en faire une citoyenne du monde. »

Bon et sinon en vrai. Je suis arrivé en chuchotant parce que j’avais peur de la réveiller. Mais elle etait en train de boulotter. T. m’a toute de suite dit d’arrêter de chuchoter l’objectif étant qu’elle ne dorme pas trop maintenant mais plus dans la nuit. Un père exigeant donc.

Nous avons ensuite discuté de l’exploit (réel) que constitue l’expulsion du bambin. Une sortie pas simple. Je laisse le soin à M. de vous raconter ça de vive voix. Mais je peux vous dire qu’il a été fait mention de : dattes, glucose, jus de pommes, Ice Tea, kebab, couverts à salade, iPhone mini, nuits de Java, remontées acides, ail, alcoolisme régional, Roule-ma-poule, purée de pommes de terre, truffe, poulet, fromages, canard séché, chips, apéro, sushis, riz, épinards, coquilles, chocolat et bébé secoué.

Y a un thème qui vous tient particulièrement à cœur : le physique. Est ce que le nourrisson est d’une beauté extra light ou non ? En tant que journaliste d’investigation je me suis penché sur la question. Elle est belle. C’était pas gagné avec des parents pareils. Elle a une balafre comme Harry Potter parce que sa mère est une fan inconditionnelle et qu’elle n’a pas hésité à défigurer son enfant pour copier la cicatrice de l’élu. Mais malgré ces différents éléments, ca va. Quand j’ai fait cette inspection j’ai rassuré les parents sur ce point et j’ai annoncé « En vrai, ca va. » Faudrait pas non plus qu’ils s’enflamment. Au moment où j’ai prononcé mon jugement, la petite créature a levé les yeux au ciel. #meilleurbebedumonde.

Je dépose ici une photo du bambin. Floutée pour éviter d’exciter les pédophiles.

Pour finir vous voulez savoir si Agnès a un keum ? Bah non. En même temps elle recherche « un macho ». Est ce qu’on a envie que ce genre de connerie s’accomplisse ? Bien sûr que non.