Nous sommes le samedi 10 décembre, il est 6h37. Je suis déjà réveillé. Il faut dire que je n’ai pas fait long feu hier, contrairement à d’habitude. J’arrive à me rendormir un peu. Vers 8h je suis complètement réveillé mais j’ai pas du tout envie de me lever. Il fait une dizaine de degrés dans l’appart. Je glande donc au lit. Je me perds sur YouTube comme souvent. Mais à force de trainer je vais finir par être en retard. En effet les deux barbus D.&M. viennent me chercher à 10h50.

A l’heure dite je suis en bas de chez moi, il fait froid et y a la blinde de brouillard. GENIAL. Ils arrivent quelques minutes plus tard. Je grimpe et nous partons chez M.&T. Pourquoi faire ? Bonne question. Les réponses sont multiples : premièrement D. fait une livraison de repas pour les nouveaux parents, deuxièmement ils sont présentés au nouveau né, troisièmement nous nous sommes servis, honteusement je dois bien le dire, de la condamnation à rester bloqués chez eux, pour faire livrer les croquettes pour nos félins respectifs. Ils se font entretenir par la société, mais ils rendent service. Un duo de bolcheviques c’est deux là.

Nous arrivons, que de transformations! Déjà, il ne fait plus une chaleur tropicale. Ensuite, les deux ont bien meilleur mine par rapport à la dernière fois. Et pour finir, l’humain modèle réduit a sacrément changé. Parce que oui je l’ai pas dit dans le dernier article. Mais quand j’ai vu les nouveaux parents ils étaient méconnaissables. Après quand tu dors 5 heures en 3 jours faut pas s’attendre à des miracles. Là, la vie semble avoir regagnée leurs corps. C’est plutôt encourageant. Nous récupérons les croquettes que nous chargeons dans l’automobile. Un arrêt au stand gonflage et nous voilà sur la route pour aller à Bergues.

J’ai hâte parce que ça sera une première pour moi. Pendant le trajet la brume disparait et nous pouvons admirer le paysage. Nous nous garons au pied du beffroi à 12h58. Le temps de s’enrouler dans nos écharpes et de prendre quelques photos, le carillon retenti. Bon, on a pas reconnu l’air. Mais c’est pas grave l’essentiel est de l’avoir entendu. D. nous avait réservé une table dans un estaminet. Le Bruegel est situé au bord d’un petit canal dans l’enceinte de la ville. C’est tellement pittoresque. La décoration est particulièrement soignée. Peut-être même un peu trop. Je trouve que ça fait un peu reconstitution en mode Disney. On nous installe sur une immense table sur laquelle je trouve déjà un couple avec un enfant. J’adore ses restaurants où il faut partager les tables. On s’assoit sur les bancs qui pour une fois sont à la bonne hauteur et ne paraissent pas trop fragiles.

Pascal vient nous apporter les cartes. Putain y a plein de trucs qui donnent envie. Au bout de quelques minutes Martine nous demande si l’on veut boire quelque chose pour commencer. C’est compliqué à retranscrire mais elle a un accent bien du Nord. Elle nous tutoie et est très familière avec nous. Qu’elle nous tutoie ne me pose pas de problème. Tout le monde ou presque dans le Nord se tutoie. C’est d’ailleurs une habitude que j’apprécie. Mais là j’ai l’impression que c’est un peu forcé. Un peu comme un rôle. Mais bon elle est sympathique tant qu’elle ne me roule pas une pelle ça devrait aller. Je prends une Cordillère des Flandres Blonde. Je ne connais pas. Mais je la prend en pinte. Comme ça si c’est pas bon y en a encore. D. Me copie, en revanche M. se la joue aventurier, il opte pour la bière du moment, toujours en 50. On se laisse pas abattre. Martine nous propose une planche à partager. Je décline, j’ai repéré une entrée qui ne tolère pas d’apéro. D. refuse poliment mais précise qu’il a vu que la carte proposait des os à moelle. – Moi aussi j’avais repéré ça, mais j’en veux un pour moi, je ne partage. M. veut la même chose. Nous passons donc commande de trois os à moelle. J’ai tellement hâte.

Quelques minutes plus tard, Martine revient avec les bières. Je goûte la mienne… un délice. Je sais également ce que je vais prendre en plat. Et ça tombe bien parce que Martine revient pour la suite de la commande. D. opte pour une andouillette. M. me regarde mais je ne veux pas annoncer mon plat avant lui. Il insiste, je cède (je suis vraiment quelqu’un de facile à vivre). « Je vais prendre les tripes grillées ». Ça loupe pas. M. « Ah! Y a des tripes ? J’avais pas vu. Je vais prendre ça aussi ». Levage d’yeux au ciel.

Les os à moelle arrivent. Ils sont superbes. Cuits parfaitement. Accompagnés d’une petite salade bien assaisonnée. Si vraiment je devais trouver un point négatif, ça serait le sel qui est proposé. C’est un vulgaire sel blanchi. Mais quel régal. C’est généreusement servi. Tout le monde se délecte. On nous débarrasse. Je reprends la même bière et M. me copie encore. Aucune personnalité… Les plats nous sont servis. Et là, visuellement c’est déjà gagné. Les tripes ne sont pas découpées, j’ai un morceau de presque 1m d’intestin plié dans mon assiette. J’avais jamais vu ça. Je goûte. C’est un triomphe! C’est bon… J’en boufferais sur le cul d’une pute. Je dégomme mon assiette. M. lui cale. On a pas tous les deux le même gabarit. On demande gentiment un doggybag. D. lui, veut absolument un dessert. J’ai plus faim mais je peux pas abandonner un ami au combat. Il choisit les profiteroles et moi le papetart. Je connais pas, c’est l’occasion de découvrir. Mais avec tout ça je sens que ma digestion va pas être simple. Je décide donc de commander un verre de genièvre de Houlle. C’était parfait. Nous sortons du restaurant il est déjà 15h. Nous retournons à la voiture. D., qui n’a même pas terminé sa pinte, prend le volant.

Les tripes grillées

Une grosse demi heure plus tard nous nous garons près de la plage de Malo-les-bains. Un temps nous avions imaginé aller au FRAC mais nous estimons qu’il nous reste plus assez de temps. Nous nous baladons un peu au bord de l’eau mais il y a du vent et nous avons un peu froid. Nous rentrons dans un bar pour nous réchauffer et boire un café. Tout le monde est en train de regarder le match Maroc-Portugal. Y a 30 hétéros et trois tapettes. Le choc des cultures. Mais ça se passe bien. Pas de réflexions, quelques regards appuyés mais je prends ça pour de jalousie. On reprend la voiture et nous nous garons juste devant la salle de spectacle. C’est pratique d’avoir un guide local. Il nous reste 45 minutes avant de pouvoir entrer, on va aller voir le marché de noël en attendant.

Ce fantastique événement se déroule place Jean Bart. Il y a foule. Mais on ne pénètre pas dans l’enceinte du marché de Noel aussi facilement. Il faut subir la fouille appuyée à l’entrée. Les gens s’avancent, l’unique vigile abaisse la tête mais pas forcément le regard devant chaque sac. On dirait un japonais fétichiste de maroquinerie. Ayant laissé nos sac à mains Chanel dans le véhicule, nous entrons rapidement. Aussitôt une puissante odeur s’impose. Et nous devons céder à l’appel du vin chaud. D’abord parce que nous aurions on air de quoi dans un marché de Noel sans verre à la main ? Et puis ça fait bien 1heure 30 que nous n’avons pas bu d’alcool. Respectons les coutumes locales. L’abris de jardin reconverti en cellule commerciale est rempli de cinquantenaires sympathiques mais tellement pas organisés. Nous récupérons nos verres fumants et commençons notre déambulation. C’est fantastique tous ces produits typiques rassemblés en un si beau décor. Trop secoués émotionnellement par tant de beauté nous quittons ce lieu féerique.

M. qui touche les boules

Mais il reste encore vingt minutes avant l’ouverture des portes. Nous choisissons de les consacrer à la découverte de la bibliothèque de Dunkerque qui a été rénovée. Quelle réussite! C’est absolument magnifique. Il y a partout des petits coins pour se poser. Le lieu est inondé de lumière. Si jamais j’avais un lieu pareil à côté de chez moi, je n’aurais plus de vie. Après un petit pipi, nous quittons la bibliothèque. À notre sortie, les dunkerquois très heureux de nous recevoir avaient organisé un petit feu d’artifice. Quelle délicate attention qui n’a rien à voir avec la victoire du Maroc. Nous entrons dans la salle de spectacle. Le lieu culturel qui nous accueille ce soir se nomme le bateau-feu. Et qu’est-ce donc qu’un bateau-feu ? C’est une très bonne question.

Minute culturelle : Un bateau-phare (ou bateau-feu) est un bateau de construction spéciale, faisant partie de la flotte des bateaux de servitude (ou bateaux « spécialisés », ou « de service »), doté d’un mât tubulaire portant un phare. Il était destiné à faciliter la navigation en indiquant un danger à l’approche des côtes (le plus souvent) ou dans les passes étroites ou difficiles (lacs, estuaires). Maintenant que vous savez tout, on peut reprendre.

Nous nous présentons à la billetterie pour retirer nos places. J’insiste pour payer. D. fait de la résistance. – Ça va être super cher, vous avez déjà payé l’essence… Il ne veut pas entendre raison. Je demande à l’agent d’accueil combien de milliards de dollars ça va nous coûter. Elle me répond 27€. Ah ouais 27€ c’est pas cher pour un tel spectacle. Jusqu’à ce que je réalise que c’est 27€ pour les trois. Alors là je suis tombé des nues. Moins de 10€ pour un spectacle de cette qualité je n’en reviens pas. Nous entrons dans la salle à l’éclairage tamisé. La fosse est garnie de petites tables de jardin sur lesquelles brillent de petites bougies led. Comme nous sommes parmi les premiers nous pouvons nous permettre de choisir notre place. Nous nous installons et je vais nous chercher une bière. La salle se remplit au fur et à mesure. Je suis étonné de la nature du public. Il y a beaucoup de vieux et des vieux qui ont l’air de droite. De ce que j’en connais les spectacles du cabaret madame Arthur sont des performances plutôt osées qui risquent de choquer les petits bourgeois. Nous sommes rejoins par un couple de soixantenaires. Au bout de quelques minutes la femme se penchent vers nous et demandent si M. Et D. Sont frères. « Simplement amants » répond M.. A deux tables de nous y a même des parents avec un gamin d’une dizaine d’années.

Ambiance tchi tchaaaa

Mais chut le show commence. Charly Voodoo ouvre le bal en s’installant derrière son piano. Il porte une magnifique robe noire avec un pectoral éblouissant. On adore. Il s’installe au piano et commence à installer l’ambiance.Il présente tout le monde. En tout ils sont 5. En quelques minutes je suis comme l’Amérique conquis. Une grande tradition du cabaret Madame Arthur c’est de prendre des titres en anglais et de les traduire en français. Ça tombe jamais juste, souvent y a du détournement avec placement de mots obscènes, bref c’est trop bien. Et justement la première chanson est une traduction plus ou moins adaptée tirée du film The Rocky Horreur Picture Show. Si vous connaissez pas c’est normal vous êtes hétérosexuel. Les trois pédales que nous sommes kiffons. On chantonne le refrain. A la fin du titre, Charly Voodoo introduit le prochain morceau : « Maintenant on va vous faire danser pour finir de vous réveiller ». Et moi j’hurle SUPER. Alors non je suis pas transformé en trois minutes. C’est juste que je pense connaitre la prochaine chanson. Elle aussi tiré de ce film. Mais à priori je suis seul à avoir imaginé ça. Même D. se penche vers moi pour me demander ce que c’est. Je gueule Time Warp. Et effectivement on a fait la choré. Puis ça a enchainé par un duo chant-piano. Matin Poppins a commencé en kimono de soie et a terminé en bas et porte jarretelles mais surtout un gode ceinture.

J’ai eu une pensée pour le gosse et au debrief dans la bagnole pendant le trajet du retour. On a enchainé avec tout un tas de titre fabuleux. Un medley Disney. On est passé de Brigitte Fontaine à Pergolese. Deux heures de show époustouflant. Je n’ai pas vu le temps passé. Pour la dernière chanson ils sont tous revenus sur scène. Martin Poppins porte une robe cintrée transparente mais pas de sous vêtement. Voir une bite ça ne m’était pas arrivé depuis les toilettes de Solidays. J’ai un regret tout de même ne pas avoir eu le droit à la chanson du bibi. C’est un triomphe. Tout le monde est de bout en train d’applaudir.

Charly reprend la parole une dernière fois : « On allait pas se quitter sans se dire au revoir. ». Et bim j’ai ma chanson.J’étais trop content. D’ailleurs j’ai eu un eye-contact car j’étais le seul à connaitre les paroles. #tropfortlegars Je suis sorti de là avec des paillettes dans les yeux. J’ai adoré. C’était vraiment incroyable.

Nous avons repris la voiture. Le trajet m’a permis de me remettre de mes émotions. Nous sommes arrivés à Lille vers 22h30. Et les lillois nous attendaient. Après cette journée de folies, ils ont du avoir peur qu’on reste à Dunkerque. Ils ont donc célébré notre retour dans la capitale des Flandres avec un feu d’artifices et ça n’avait rien à voir avec la victoire de la France face à l’Angleterre.

Pour aller plus loin :

Charly Voodoo dans un tout autre registre

La chanson Time Warp avec chorégraphie du film The Rocky Horror Picture Show

Martin Poppins au cabaret Madame Arthur on peut voir sa bite à plusieurs reprises

La chanson du bibi

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10 commentaires

Georges · janvier 4, 2023 à 08:52

Ca c’est de la boule !

Klaus · janvier 8, 2023 à 17:34

Das ist ein hübscher Ball!

Georges · janvier 9, 2023 à 12:57

Que d’émotions !
Bravo pour toutes ces sources, vos articles gagnent en fiabilité.

Buffolo Bill · janvier 13, 2023 à 14:20

Mais si vous avez été conquis comme l’amérique, vous deviez être salement amoché

Mila · janvier 18, 2023 à 19:48

Très bel article, j’ai ri, pleuré, soupiré, espéré. Toutes les émotions de la vie grâce à vous, vous êtes un semeur de bonheur et d’espoir !

HAL · janvier 21, 2023 à 15:01

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Kiki · janvier 22, 2023 à 12:57

Degueu les tripes

Albert le 5e mousquetaire · janvier 22, 2023 à 13:30

On aime voir le bonheur sur ton visage et dans ta vie

pupuce · février 9, 2023 à 21:23

Mais cette papetart ça fait le taf ou bien ?

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