Nous sommes le 13 juillet, il est 23h02 on me réclame un article. Je ne supporte pas ça. Je fonctionne à l’envie, aux émotions. Si j’écris sur commande ça va être vide et ennuyeux. Et je vous connais, vous allez gueuler alors que ça sera de votre faute. Mais comme pour donner raison aux camés de demi-mesure, à peine avais-je affirmé qu’aucun article n’était en vue, que je tombe sur un communiqué de la ville de Lille. Et ce petit texte, ces quelques lignes de rien du tout ont eu l’effet d’une bombe. Cet article lapidaire avait tout ce qu’il fallait pour m’énerver, tout pour que je bascule en mode DQ. Mais réjouissez vous car désormais je suis en condition pour l’écriture.
En effet la mairie de ma très chère ville a annoncé l’annulation de l’édition 2020 de la Braderie.
AARGHHHHHHHHHHHHHHHHH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE
Le premier qui dans les commentaires dit « de toute façon c’est plus comme avant, gnia gnia gnia » il prend soit un coup de coude dans le pif si je suis à proximité, soit il prendra une balle dans le pied, délivrée par une équipe du Mossad (ouais je connais du monde).
La braderie c’est sacré pour moi. C’est intouchable. C’est au dessus de toute critique.
J’ai découvert la ville à l’occasion d’une braderie et c’est comme ça que je suis tombé amoureux du Nord en général et de Lille en particulier.
La première fois donc c’était en 2007. Pour vous situez, Sarkozy venait d’arriver à l’Elysée. Ça ne nous rajeunit pas.
J’avais été invité par un mec avec qui je discutais depuis quelques temps sur l’internet, autrement dit sur msn. Au programme du week-end : sexe et découverte de la ville, du tourisme sexuel en somme ((sauf qu’on était pas en Thaïlande, il était pas mineur et il faisait pas ça pour se payer de quoi manger) pour finir ça n’a rien en commun)). J’avais découvert le brassage des cultures, y a qu’à la braderie où tu attends ta commande d’accras en commandant un thé à la menthe au stand d’à côté. La gentillesse légendaire des nordistes, la bonne bière dans des gobelets en plastique. J’étais parti à l’aventure culinaire en dégustant ma première fricadelle. Ce week-end fut mémorable. Et malheureusement il a fallut attendre quelques années avant de retourner à Lille pour une braderie.
Mais alors ce fut pour le meilleur. Accompagné de la fine équipe, j’ai parcouru les allées bordées de mille antiques trésors. J’ai vu une petite vieille soutenir un inconnu complètement ivre le temps qu’il retire de l’argent à un distributeur puis le raccompagner à la terrasse où l’attendaient ses potes hilares. J’ai fait les poubelles et sauver de l’incinérateur de beaux livres. J’ai parcouru les rues animées de fin de braderie avec Mario qu’il fallait attendre parce qu’il avait enfilé des chaussures de ski abandonnées. J’ai aussi fait la braderie du côté des bradeux. Bien sûr nous n’avions pas d’emplacement mais grâce à la plantureuse poitrine d’Andréa nous avons pu exposer. Je me souviens des superbes trouvailles que j’ai pu faire, des articles insolites découverts, des bières pleines de mousse qui requinquent un homme en moins de deux.
Vous allez me dire, car je vous connais bande de mécréants, que ce n’est pas la première fois qu’elle est annulée. En 2016, après l’attentat de Nice la braderie avait pris la forme d’une simple foire aux antiquaires. Un drame qui avait laissé une plaie béante dans mon cœur. C’était déjà une fois de trop. Se résoudre à réitérer un drame d’une telle violence, a dû être un crève cœur pour Martine fraîchement réélue. J’essayerai de ne pas lui en tenir rigueur la prochaine fois qu’on se croisera.
5 commentaires
Martine · juillet 14, 2020 à 22:50
Jai brait !
ZD · juillet 14, 2020 à 22:51
Et Comment quon va faire les célèbres poubelles du dimanche soir 🙁
N'empêche · juillet 15, 2020 à 13:46
C’est quand même plus aussi bien qu’avant
Macron · juillet 17, 2020 à 15:38
Votre article m’a beaucoup ému. Vive la France et vive la république !
Depré · juillet 19, 2020 à 21:09
T’as vraiment le grand coeur d’un lillois maintenant