Nous sommes le jeudi 4 avril, il est 06h02. Je suis réveillé. La porte de ma chambre est ouverte et j’entends que ma mère est dans le salon donc je décide de me lever. J’ai trop mal dormi. Petit lit de 90, la tête au Sud, le chauffage, l’absence de lumière et Naboo qui a miaulé ne sont pas les ingrédients pour une bonne nuit de sommeil. Une fois dans le salon, je raconte mes aventures nocturnes à la propriétaire de 42 éponges différentes. Et au bout d’un certain moment nous sommes rejoint par mon père. Je lui demande si nous devons aller à la boulangerie. Comme la réponse est positive, je m’habille et nous partons tous les deux.

La boulangerie est au centre du village, il faut à peine 10 minutes pour s’y rendre. Marie France, la vendeuse que je n’avais jamais vu encore, n’est pas la meilleure commerçante de France. Et en plus y a pas le pain qu’on voulait. Je me prends un kouign-amann individuel, parce que merde faut pas se laisser abattre.

Le programme de ce matin c’est les courses. Ma mère chez Carrefour seule, mon père et moi notre mission c’est la poissonnerie. Parce que mon objectif en venant en Bretagne, en plus de voir mes parents, c’est de manger des oursins. La première fois que j’en ai mangé c’était dans le Sud quand j’étais en stage à St Paul de Vence, y a vingt ans… Ça nous rajeunit pas ma pauvre Lucette. A l’époque j’avais trouvé ça fabuleux. J’en avais gouté à Lille en compagnie d’une fille dont les chaussures font un boucan d’enfer. Et cette fois là j’avais été déçu. Surement un manque de fraicheur. C’est pour ça que je me suis dit que la Bretagne c’était un partenaire de rêve dans la dégustation d’oursins à peine sortis de l’eau. Mais pour accomplir cette mission il faut réussir à partir de la maison. Et ça je peux vous dire que c’est pas simple. C’est bien simple à trois on a l’inertie des soeurs de la perpétuelle indulgence du couvent du nord au grand complet.

Finalement nous grimpons dans la voiture, on dépose ma mère au supermarché et je continue avec mon père. Il a repéré une poissonnerie à Lorient où je devrais trouver mon bonheur. Après quelques minutes de route, nous descendons de voiture. La poissonnerie est installée dans un vieux hangar à coté d’un chantier naval. Nous faisons le tour de l’étal. Déjà premier constat pas d’oursins. Y a de superbes tourteaux et araignées de mer mais c’est pas mon kiffe. 1 heure de d’épluchage pour récupérer 150g d’une chair quelconque…. Très peu pour moi. Y a bien des coquillages mais on va en manger demain et surement samedi. Non, nous sommes là pour de l’exceptionnel, de l’original. Mais y a pas l’air d’avoir ça en stock. Pas de requin, de turbot ou de poisson fifou. Mais je repère des soles portions sympathiques. J’opte donc pour ça.

Nous récupérons ma mère et nous filons au magasin bio. Les Biocoops sont des endroits fascinants, on peut y faire des rencontres incroyables. On peut tomber sur Yannick le luthier aux cheveux longs mal coiffés habillé d’un pull en poil de cul de yack et d’un sarouel, ou sur Bénédicte 56 ans prof de français et latin, filiforme avec un carré grisonnant qui fait du paddle le week end. Les légumes sont à l’entrée du magasin. Je choisis quelques cotes de bette, des feuilles d’épinards et un chou pointu. Ma mère est en train d’étudier les 32 références de pâtes, je la rejoins. Mais les bruits d’une discussion animée émanent du rayon cosmétique. Je suis intrigué et me dirige vers le rayon entretien situé juste devant les pommades en tout genre. Je tends l’oreille tout en faisant semblant d’être fasciné par une brosse à ongles. « Oh bah ça de toute façon ils l’ont décidé. On aura pas le choix. Ils vont nous empoisonner et on pourra rien dire. Ils ont voté la loi. Mais on aime se faire avoir. Enfin bon je vous laisse, ma femme m’attend ». Marcel la cinquantaine me passe devant. Je jette un coup d’oeil les deux vendeuses se regardent un peu surprises. « De quoi il parlait exactement ? » « De vaccin je crois. » Ah merde je suis deg j’ai loupé un argumentaire d’antivax. Je regroupe mes parents et leur fais activer le mouvement, on va pas coucher là (finalement je suis vraiment un épagneul).

A la maison je me lance dans la réalisation du repas. Je griller les soles et sauter les légumes. Pas d’épices, pas d’herbe. J’ajoute juste au moment de servir des nombrils de Vénus que j’ai cueillis dans le chemin d’à coté. En dessert pas de chichis non plus. Des griottes surgelées arrosées d’une crème de cassis. C’est un de mes desserts préférés.

Le décollage post-déjeuner est aussi laborieux que ce matin. On est pas bon niveau timing. Nous allons nous promener à la pointe de Gâvres. Nous ne pouvons pas aller sur la plage de Plouhinec car la Marine utilise le coin pour faire des exercices de tir. J’ai déjà un trou de balle et un seul me convient. En dix minutes nous sommes devant la plage de Gâvres. Pendant une heure, nous parcourons le sentier côtier pour découvrir ce coin. Malheureusement ça manque de surfeurs. Notre ballade à la forme d’une boucle. Avant de retourner à la voiture nous traversons un bout du village. Nous tombons sur une église. Je suis intrigué, je tente l’aventure, je décide de rentrer pour découvrir l’intérieur. Putain c’est nul à chier. Les vitraux sont moches. Les tableaux qui représentent les étapes de la passion sont tellement sombres qu’on voit rien. Et en plus y a même pas une petite buvette pour se remonter le moral avec une bière.

Aire pour jouer à la guerre
Les pti vieux en ballade

Mes parents veulent passer chez une maraichère avant de rentrer à la maison. On s’engage sur un chemin agricole, un panneau publicitaire annonce : Ferme du Ponant. Ponant, ponant, ce nom là me dit quelque chose. – Ça serait pas le nom d’un bateau ? Mon père me répond que non. – Mais si y avait eu une prise d’otages, il me semble. Je me saisis de mon iPhone, une petite recherche Google. Qui s’est qui avait raison ? Bibi. Putain je suis trop fier de moi. Je me souviens pas des prénoms de mes potes mais je retiens le nom d’un bateau. Nous entrons dans l’espace vente de l’exploitation. Nous sommes accueillis par la femme du maraicher. Elle salue mes parents par leurs prénoms. Et mon père explique que je suis leur fils. Elle s’emballe un peu. Je souris poliment. Pendant que je regarde un peu l’offre, elle continue à faire la conversation. Y a pas grand chose en légumes. Je sais pas ce qu’on est venu faire ici. « Yannick est avec le sourcier ». Mon père acquiesce de la tête. « Mon père aussi été sourcier, et moi je dois l’être aussi parce que je ressens vraiment les choses. » Ok on est dans une annexe de Biocoop et l’on ne m’a pas prévenu. Fuyons avant qu’elle ne nous balance d’autre truc.

En rentrant j’ai envie d’un dessert. Je propose de faire une tarte aux pommes roumaine. La première fois que mon amie A. nous a fait ce dessert j’en suis tombé amoureux. Ma mère avait prévu de faire du quinoa avec des poireaux. Moi je suis pas fan du quinoa c’est toujours mouillé. Mais vous le savez je suis un cascadeur de la vie. Pendant qu’elle prépare le repas, je gère l’apéro. Au final le quinoa est bien réussi. Mais les poireaux sont vraiment décevants et pourtant ils venaient de mon grand ami M Picard. Comme quoi…

Après la dégustation de la tarte, nous décidons de faire une ballade digestive vespérale. Nous quittons le lotissement et prenons une petite route que bordent les champs. Quelques lapins déguerpissent à notre arrivée. Tout ceci est très bucolique, moi je veux des mecs à poils. A l’approche d’un hameau un détail attire mon attention. Le grand arbre au bord de la route détone dans le paysage breton. Je m’approche et cueille une feuille que je froisse dans mes doigts. Ah oui c’est bien ce que je croyais. C’est un eucalyptus d’une quinzaine de mètres de haut. Une fois de retour, je n’ai qu’une envie : une douche et au dodo. Il faut que je sois en forme pour demain et de nouvelles aventures.

Catégories : 3615mylife

6 commentaires

Mndrn · avril 8, 2024 à 12:27

On veut la suite !!
As tu finalement trouvé des oursins et des mecs à poils avant de rentrer dans le grand nord ?

La vérité · avril 11, 2024 à 20:43

Whaaaat tu sais faire la tarte aux pommes roumaines ???

Didi · avril 11, 2024 à 21:32

Tu prends des stéroïdes ?

    Michaël · avril 12, 2024 à 16:06

    Pourquoi cette question ?

Georges · avril 12, 2024 à 15:51

Avez vous trouvé des trésors sur la plage ?

La boulangère · avril 24, 2024 à 10:37

Sachez cher monsieur, que malgré les apparences, je suis une commerçante hors pair. J’ai réussi à vous faire acheter un pain que vous ne vouliez pas. Et un kouign amann qui datait de la veille.
Je vois que mon sort à bien fonctionner. Tous les poireaux que vous mangerez désormais seront mauvais.

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *