Nous sommes le dimanche 1er mai. Il est 14h. Je suis à bord d’un véhicule électrique qui roule en direction de Ronchin. J’ai donné un rendez-vous à Diana (impératrice du monde à l’envers) dans mon ancien quartier. Elle revenait de chez sa mère après avoir fait l’Aïd. Ce week-end a lieu les Maisons folles à Ronchin. Des particuliers, qui habitent le quartier des fleurs, ouvrent leurs maisons pour que des artistes y exposent.

Diana est un peu en avance et moi un peu en retard. Elle l’appelle et me dit «  Y a rien. Je suis dans la rue que tu m’a indiqué mais je vois rien du tout. Je suis un peu en panique parce que j’ai prévenu plein de gens. Et je connais cet événement j’ai participé à la dernière édition qui a eu lieu en avril 2018. Et je sais qu’il a des panneaux au dessus des portes des maisons folles. Est ce que je me serais trompé de jour ? Je vérifie sur internet. C’est bien ce week-end ouffff. Je rappelle et lui dis : – vas rue Pasteur au milieu de la rue sur la gauche y a un immense garage qui sert de bar. On arrive quelques minutes plus tard. On c’est les propriétaires d’un fumoir et moi, et sur place, on rejoint Clytemnestre (la propriétaire de Cookie) et son mec. Quand on retrouve Diana, ne vous inquiétez pas, non seulement elle avait trouvé, mais en plus elle avait attaqué un pti verre de Jaja.

Nous commençons par les maisons situées rue Pasteur. Dans la première, il y a des oiseaux un peu partout. Des oiseaux en peinture en céramique. Mais aussi des poèmes. C’est intéressant mais c’est une maison qui ne remporte pas l’adhésion du groupe. Dans la suivante, numérotée 11, l’artiste a gravé des visages, au laser, sur des supports végétaux, feuilles ou fleurs. Tout le monde est enthousiaste. L’artiste est absent mais l’habitant nous explique très bien le travail realisé. C’est vraiment magnifique. Nous changeons de maison. Ça me fait un peu bizarre de retourner dans mon ancien quartier. Dans la maison suivante la 13, c’est principalement de la photo. Certains membres du groupe sont conquis, moi pas trop. La maison suivante nous réserve une surprise. Nous entrons, la pièce réservée pour l’exposition des œuvres est sur notre droite. Nous entrons tous, il y’a aussi un homme et une femme. Les huiles sont accrochées, nombreuses, au mur. L’homme prend la parole, il se présente comme un artiste complet qui utilise plusieurs techniques. Il propose d’expliquer le cheminement de son œuvre et cède la parole à sa complice. Le travail commence sur le web où elle choisit des lieux sur Google Maps. Elle utilise la fonction Steet View pour décrire les paysages par téléphone à Gontrand. D’ailleurs il en profite pour lui couper la parole. « Je fais des esquisses au crayon d’après ce qu’elle me dépeint. » On a l’air un peu teubé comme ça mais on avait compris. Elle ne reprendra plus jamais son explication. Il continue donc à parler, il fait plein de petits formats au crayon qu’il oublie dans une boîte, gnia gnia gnia, il les reprend plus tard, gnia gnia gnia, il les refait à l’huile avec trois couches, gnia gnia gnia, c’est une sorte de réécriture. Là j’ai levé les yeux au ciel. Moi je sature et je commence ma manœuvre de fuite, je me fais griller par Merline (propriétaire d’un véhicule électrique). Au moment où nous allons quitter la pièce, j’entends « je m’autorise tout, une montagne en haut ou un arbre de côté. »sur le trottoir d’en face nous entamons un debrief artiste-qui-se-la-raconte. Les uns après les autres nous faisons le même constat. C’était du branlage intellectuel. Edison (propriétaire d’un fumoir) et Gustave (propriétaire de gouttières à sperme), qui sont les derniers à nous rejoindre, ont eu le même réflexe, ils ont cherché les arbres. Heureusement ils ont vite abandonné sinon je pense qu’ils y seraient encore. Pour ma part les visites des maisons suivantes sont compliquées. Gontrand a pété l’innocence et la fraîcheur qui étaient en moi.

Le truc c’est qu’on avait rendez-vous à 16h à la fête de la soupe à Wazemmes. Il est 16h10 et nous sommes dans maison boutique. Mandarine m’appelle. Je lui dis : – nous sommes au bout de la pelouse on arrive. C’était un petit mensonge. La plus part du temps c’est moi qui les attends mille ans. On dit aurevoir à tout le monde et on se sépare. Sauf que nous sommes le 1er mai et c’est le seul jour de l’année où y a pas de métro. Donc nous devons reprendre la voiture de Diana. Je dois avouer que ça ne m’enchante pas du tout. C’est pas qu’elle conduit mal, mais j’ai l’impression qu’elle ne voit que la moitié de ce qu’elle devrait voir. Et comme le roi du monde à l’envers, elle anticipe peu, ou en tout cas pas assez à mon goût. Mais y a pas trop le choix, je monte à bord. La déesse qui veille sur les épaves roulantes nous a ouvert le chemin et nous arrivons entiers.

En sortant du « véhicule » j’appelle Mandarine pour savoir où elles sont. Forcément ça ne répond pas. Parce que l’idée c’était de se retrouver dans un événement qui regroupe plusieurs millions de personnes. Avoir son téléphone à proximité et pas dans son sac à dos n’a pas semblé être une chose pertinente. Bref je m’énerve. C’est pourtant pas compliqué d’avoir une Apple Watch qui vibre quand on nous appelle. Nous décidons, enfin plutôt j’impose, de chercher un peu au hasard. Nous faisons un tour. J’ai du mal à focaliser sur la recherche y a une telle concentration de beaux mecs. Au bout de dix minutes on se rend a l’évidence nous n’allons pas pouvoir les retrouver comme ça. Diana a besoin de pisser et j’ai envie d’une bière. Nous quittons le jardin des Sarrazins pour trouver un bar.

Nous ne sommes guère exigeants, nous rentrons dans le premier devant lequel nous passons. Diana va pisser pendant que je fais la queue. Elle revient quelques minutes plus tard. Je n’ai, de mon côté, pas beaucoup avancé. Nous échangeons donc nos rôles. Il y a deux jeunes femmes qui attendent quand j’arrive. Y a juste deux toilettes, un pour les hommes un pour les femmes. Les deux portes s’ouvrent simultanément et les deux nanas rentrent. C’est celle qui est dans les toilettes « femmes » qui sort la première. Sans vraiment trop y réfléchir je vais pisser. A ce moment un vieux gaillard tout pourri me lance « Hé c’est les toilettes pour les filles ». Je jette un coup d’œil, toute tentative de déconstruction est vaine. – Je pense que je vais m’en remettre.

Je rejoins Diana qui vient de payer. Je viens de pisser et de me faire offrir une bière. Elle est pas belle la vie ? J’ai un appel, c’est Nahamma. Elles sont sur la pelouse. Nous faisons donc demi tour. Sur place, j’ai beau fouiller la foule du regard, je ne les repère pas. Soudain, Diana s’écrit « elles sont là ». Et effectivement elles étaient quasiment à nos pieds. Nous nous installons dans l’herbe. Il y a Toufic plus connue sous son vrai prénom qui s’avère être la cousine de Mandarine, mais contrairement à ce que vous étiez déjà en train de vous imaginer, ça ne la défini pas comme personne. Il y a aussi Clara, Mandarine et Nahamma. Elles n’auraient pas pu choisir une meilleure place. Nous sommes au bord de la pelouse. De l’autre côté de l’allée, qui borde l’herbe, il y a un buisson. Ce taillis c’est le spot qu’ont choisi tous les mecs pour venir pisser. J’ai vu des dizaines de bites. Finalement Clytemnestre et son Jules nous ont rejoint. Puis le frère de Nahamma, un ancien de la colloc, Hugues, l’ex de Diana, et ses potes. Je fais de grands efforts pour être poli et parler avec un peu tout le monde. Même les grands gars tout mince qui se la racontent.

Il est 21h30, un nombre non négligeable de bières ont été avalées. On a pas mangé. De toute façon maintenant j’ai l’habitude avec ses engins. On boit beaucoup trop et on mange pas. Le soleil est passé sous l’horizon, la luminosité diminue fortement. Touffic a réussi à convaincre tout le monde. Nous sommes en route pour nous restaurer. J’ai repéré depuis quelques temps un restaurant qui fait du poulet frit. C’est pas très loin de la place du marché, c’est l’occasion d’essayer. Les filles vont un peu plus loin à l’Aspendos un restaurant style kebab. Je commence à faire la queue. Il y a environ 6 personnes devant moi. Au bout de vingt minutes à 4 personnes d’arriver au but, on nous annonce qu’il n’y a plus rien à vendre. L’envie de péter la vitrine fût forte mais j’ai réussi à la surmonter. J’appelle pour savoir où se trouve le reste de l’équipe. Elles se sont repliés sur le magasin asiat qui a un stand au marché. Je les rejoins et passe commande. Je prends des beignets de crevettes, des nouilles sautées et une brioche à la vapeur.

Diana décide d’aller aux Sarrazins pour manger au chaud. Nous nous installons et commençons à manger. Tout est absolument dégueulasse. Les beignets de crevettes sont grosses comme des poires, mais les crevettes à l’intérieur appartiennent sûrement à la catégorie poids plume. Les nouilles n’ont pas de goût. Et la farce des brioches est infâme. Il est maintenant 23h, Diana culpabilise d’avoir squatté le bar sans avoir consommé. Ou plutôt c’est son excuse pour reprendre un verre. Je tente de la raisonner elle et Mandarine qui veut faire la même. Peine perdue. J’ai pas envie de rester à les attendre, je sors pour prendre un peu l’air. Je me pose sur le trottoir d’en face.

Y a énormément de monde dans les rues. Mais pour l’instant le flux s’écoule plutôt bien. Y a beaucoup moins de beaux gosses. Une grosse proportion de la foule se ballade avec de l’alcool à la main. J’en ai marre d’attendre. Le risque qu’on renverse une bière sur moi augmente de minutes en minutes. Ça doit bien faire un quart d’heure que j’attends quand je repère un dreadeux plutôt mignon qui attend à deux mètres de moi. Il sort un bidon de son sac et le pose par terre. Qu’est ce qu’il fout ? D’autres personnes le rejoignent. Je pense qu’ils s’étaient donnés rendez-vous. Je finis par comprendre. Il sort un briquet et allume une boule puis une autre. Des bolas enflammées. Car oui, tu sais pas, toi lecteur·rice, mais le truc le plus intelligent à faire quand tout le monde est bourré, c’est jouer avec le feu. L’emplacement choisi pour ce spectacle pyrotechnique est idéal. Une rue étroite ultra passante. Le diamètre du cercle de spectateurs fait un peu près la largeur de la rue.

Ça fait 45 minutes que j’attends dehors quand je reçois un appel. C’est Mandarine, elles sont sorties. Je scrute la foule à la recherche de deux folles bourrées. Je les repère au pire endroit. Voir schéma ci dessous.

À chaque fois quelqu’un se faufile pour dépasser le groupe elles sont bousculées. Je les rejoins et propose de se décaler de trois mètres pour être moins dans le passage. Le groupe des potes de Hugues est là aussi. Malgré moi je lance un mouvement. Ils décident de bouger pour continuer. Je décrète qu’il est temps pour moi de rentrer. Chantage de Mandarine et Diana qui veulent que je reste. J’ai eu ma dose. Tout le monde est beaucoup trop alcoolisé, l’ambiance bof. Je salue tout le monde, évite les bisous, et me barre. Sauf que nous sommes le 1er mai et qu’il n’y a toujours pas de métro. Je marche donc jusqu’à Montebello, pensant trouver un V’Lille de dispo. Mais non. Je continue jusqu’à Port de Lille, avant de pouvoir grimper sur un vélo. Je files jusqu’à chez moi. Sauf qu’arrivé à Euratech, y a pas de borne disponible pour raccrocher ma bicyclette. C’est à Canteleu que je trouve de la place et je suis revenu chez moi à pieds.

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8 commentaires

Le chef des nains · mai 23, 2022 à 01:29

Quelle aventure.
Donc à part la bière, qu’est ce qui s’est bien passé ?

    Michaël · mai 23, 2022 à 06:52

    Tout. Les maisons folles c’était trop bien. J’ai vu des bites. J’ai vu des beaux gosses. Et surtout j’ai passé du temps avec mes ami·e·s

      RGPD · mai 24, 2022 à 14:16

      Avez vous pris des photos de ces fameuses bites ?

Sigmund F. · mai 24, 2022 à 10:03

Et cette innocence et cette fraîcheur dont vous parlez, elles sont avec nous dans cette pièce ?

Elon M. · mai 24, 2022 à 10:15

J’achète le brevet de la gouttière à sperme !

Emmanuel Kasarhérou · mai 24, 2022 à 14:23

Bonjour,
Je me permets de vous contacter à propos de la magnifique œuvre présente sur votre article. Mon équipe et moi avons été fasciné par sa profondeur, sa richesse, son puissant renvoi au rapport à l’autre qui interroge notre tout dans le présent !
Seriez vous intéressé pour qu’elle soit présente dans notre future grande exposition sur l’art brut provenant du dessus au nord de la capitale ?
Bien cordialement.

La naine du pays des poubelles · mai 25, 2022 à 17:04

Perso je retiens juste que tu étais en retard et deux fois dans la même journée en plus. Le monde va vraiment mal.

Capitaine haddock · juin 5, 2022 à 03:32

ouuuh le coup du schéma je dois avouer que ça fonctionne. J’en frétille encore

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