Plus je dors, plus j’ai sommeil, moi. Hier soir, je me suis couché à dix heures. Comme somnifère, j’ai pris la fin des Molières et deux comprimés de je-ne-sais-quoi. À minuit moins dix, je dormais à poings fermés. Réveil huit heures moins dix, comme d’habitude, je sors de mon lit, un papillon. Douche, rasage, autre chose, personnelle, choix de mon costume. Petit déjeuner pas préparé évidement. Parti de la maison en insultant un peu autour de moi. J’ai pris ma voiture. Je me suis fait arrêter sur le pont des Invalides par un flic tout à fait charmant qui me dit  « Monsieur ».

Je lui ai dit « Ah oui j’ai pas mis ma ceinture. J’habite juste à côté je vais à Europe 1 ».  «Oui oui, je vous reconnais. Vos papiers.» Bon alors je donne mes papiers. « Vous avez la carte grise du véhicule ? » Et moi j’ai envie de dire «Et ta sœur elle a quoi ? » Bon je donne. « Et l’assurance ». Il regarde l’assurance. Et je lui dis « Écoutez… ». Il me dit « Vous avez brûlé deux feux rouges en plus. Alors ça fait quatre points pour le feu rouge et trois points pour la ceinture. Quatre et trois, faites votre compte. » Je lui dis « D ’accord mais tu m’achètes un vélo. » Et cela l’a fait tellement marrer qu’il m’a laissé partir. Je vous jure que c’est authentique.

J’arrive ici je me mets au café d’en bas. Je cherche le parisien parce qu’ils ont Le Parisien en bas, hein, et Figaro. Deux connards qui étaient là qui lisaient. Toi tu feuillettes un journal. Non, eux, ils lisaient tout. Tous les papiers. Le carnet du jour dans le Figaro. Et moi j’étais là, il me propose : Les Échos, je fais pas de finances, et L’Équipe, je fais pas de sport. Donc j’étais là et je dis aux garçons « Ces messieurs ont bientôt fini avec les journaux. » Genre drôle. Je m’étais déjà fait un flic, je me suis dit je peux me faire les autres. Les types me regardent. Mais je te jure comme on regarde pas un lépreux. Je dis « Mais je vous en prie chers messieurs. » Et j’ai pas pu lire les journaux ce matin. Tu te rends compte ? Je paye 4,80. Je laisse 5 et 20 que j’avais dans la poche. Ça fait 5,20. J’ai pris un crème avec une tartine déjà faite. Je demande un peu de beurre en plus parce que tu sais… et un croissant.

J’arrive ici. Je monte. J’apporte un cadeau à mon patron. Parce qu’il y a un marchand… Tu sais ce que c’est que la Poutargue ? Ce sont des œufs de poisson séchés sous de la cire dont on prend des petites lamelles, comme ça à l’apéritif. C’est le caviar de l’arabe. Tu as compris ? Et pendant que j’achetais ça. Trois grosses barrettes. Le type me dit il faudrait que tu me donnes l’adresse à Marcel Ruquier il adore. Alors je dis ah bon il adore. Ce matin j’apporte une poche à Ruquier. Il paraît que tu aimes beaucoup ça. Il me regarde et me dit c’est quoi ça. Et je lui dis ce sont des œufs de poisson. Et il avait jamais mangé ça de sa vie.

Ce texte reprend mot pour mot une intervention de Pierre Benichou

Catégories : Non classé

3 commentaires

Père Noël · décembre 19, 2021 à 00:39

C’est une subtile façon de demander de la poutargue à Noël ?

    Michaël · décembre 19, 2021 à 10:14

    Ah non, je n’aime pas ça.

Boomeristand · décembre 20, 2021 à 13:31

#okboomer

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *