Hors la MEL III

Nous sommes le vendredi 14 janvier, il est 07h38. Je m’installe à une place libre proche de la 5ème porte de la rame de métro. Ce matin, c’est l’endroit idéal pour reluquer un magnifique papa. Il porte un costume, mais pas trop classique. Il a environ trente cinq ans. Il tient la main de sa fille, qui doit avoir 3 ou 4 ans. Il se penche, pour ouvrir un peu le manteau de la petite le temps du trajet, quel postérieur ! Une œuvre d’arts.

Je mets mes écouteurs et lance Montero l’album de Lil Nas X. Lui aussi est sacrément bien gaulé. Je tente de me recentrer sur la journée qui m’attend. Pour commencer boulot. J’ai pas pris le temps de me faire à manger pour ce midi, donc je vais crever la dalle ce soir. A propos de ce soir, c’est quoi déjà les instructions ?

« Demain rdv chez moi à 17h30 ». 17h30 !!! Mais le spectacle n’est pas à 19h? Je vais vérifier sur le site. Si j’avais bien retenu. Pourquoi alors, vouloir se donner rendez-vous aussi tôt et surtout, pourquoi aller à Hellemmes alors que la salle est sûrement en ville. D’ailleurs je vais vérifier l’emplacement exact. Je change d’application et pars à la recherche de l’adresse. Je finis par trouver : Culture Commune Rue de Bourgogne, 62750 Loos-en-Gohelle. WHATTTTT Loos en Gohelle. Fichtre c’est où ce bled ?

Alors forcément vous, vous le savez depuis le début. Grâce au titre du premier article de la série. Mais moi je découvre. D’ailleurs je suis obligé de chercher sur Google maps pour savoir où placer ce lieu. Oula c’est dans le bassin minier. Suis-je équipé pour une telle aventure ? Pas sûr. Néanmoins ça peut s’arranger. En effet, je suis un homme plein de ressources et de surprises. Par exemple, je suis peut-être parti sans ma lunch box. Cependant, j’ai dans ma poche un magnifique vernis bleu métallisé.

Gare Lille Flandres. Le beau papa descend. Sniff. Parce que vous l’aviez déjà oublié celui-là mais pas moi. Il reste plus d’une dizaine de stations avant mon arrêt. J’ai donc le temps de mettre une première couche de vernis. Je sors le flacon, l’agite pour homogénéiser le produit. Et je profite de l’arrêt à Gare Lille Europe pour faire une première couche sur mon pouce. Bon c’est pas toute à fait net mais le temps imparti est déjà écoulé. Je replace le bouchon-pinceau. Je me redresse le temps que la rame parcourt la distance qui nous sépare de la prochaine station. Je remarque que tous les regards sont braqués vers moi. C’est vrai que le vernis ça pue. Et faire subir ça à tout le monde c’est pas forcément très citoyen. Je décide donc de remettre à plus tard cette première couche de vernis.

Plus tard, Simone à qui j’ai raconté cette anecdote, a eu une toute autre lecture de ce moment. Pour elle les voyageurs ne me fixaient pas du regard parce que mon vernis puait. Ils regardaient plutôt un gros pd en train de se faire les ongles. Avec le recul, je me dis qu’elle a sûrement raison.