Nous sommes le jeudi 20 août, il est 07h12. Putain ça pue vraiment vraiment. Y a un problème. Je commence franchement à avoir un doute.

Attention cet article est très dur. Je raconte tout. Âmes sensibles s’abstenir.

A 10h je monte pour frapper à la porte de mon voisin. Pas de réponse. Mais l’odeur est plus puissante à l’étage. En redescendant je m’aperçois qu’une immense tache est apparue au plafond de mon salon (repeint y’a moins de trois mois).

A midi je fonce à l’agence immobilière. Il faut qu’ils appellent mon voisin. Ils trouvent le numéro. Malheureusement ils tombent directement sur la messagerie. Ça c’est pas bon signe. Un des gestionnaire tente de me rassurer « il a payé son loyer d’août » je lui répond « je pense surtout que c’est le loyer qui s’est payé tout seul »

Ils me promettent de me tenir au courant.

Je retourne chez moi. Ça devient compliqué. À 14h je ne tiens plus je suis obligé de mettre le ventilateur en route et d’ouvrir un flacon d’huile essentielle de bergamote pour tenir. 15h j’ai fini de bosser, je retourne à l’agence immobilière.

Je me suis rappelé d’un détail. Hier je suis parti la fenêtre de mon voisin était ouverte. Quand je suis rentré vers 23h elle était encore ouverte alors qu’entre-temps il avait plu.

« Je viens aux nouvelles ». Elles sont mauvaises pas de réponse. Ni téléphone ni mail.

Je propose de contacter les flics pour voir avec eux la marche à suivre. Le gestionnaire appelle le 17 et rapidement son interlocuteur lui annonce qu’une équipe est envoyée.

Je retourne chez moi attendre l’arrivée de la police. Ils arrivent au bout d’un quart d’heure. L’un a la quarantaine et l’autre une trentaine d’années. Je leur explique la situation. Je leur ouvre mon appartement ils jettent un coup d’œil aux taches du plafond. Puis nous montons. Le plus âgé tambourine, mais rien n’y fait, pas de réponse.

Il appelle le central pour demander l’envoi des pompiers pour faire une « ouverture de porte ». Je redescend l’odeur est trop forte. Et je patiente sur le trottoir d’en face. Au bout d’un petit quart d’heure un véhicule (type premiers secours) arrive. A son bord trois pompiers. Y a deux avions de chasse avec des culs pas possible et un troisième plus lambda. Ils sont informés de la situation par les policiers. Problème : ils n’ont pas d’échelle. Après quelques minutes de réflexion, décision est prise d’appeler la grande échelle. Je commence à me dire et si jamais il est pas mort ? Le prix d’une telle opération me paraît exorbitant.

Le camion et sa grande échelle arrive. Là ça commence à s’agiter dans la basse cour qui me sert de voisinage. En quelques minutes deux pompiers sont déposés juste devant la fenêtre restait ouverte. Le plus jeune s’engouffre dans l’appartement. Ses deux autres collègues restés au sol s’équipent et montent le rejoindre, suivis des deux policiers. On en est à 7 personnes mobilisées.

La grande échelle est rangée et le camion repart. Deux pompiers redescendent au bout de quelques minutes. Ils me confirment à demi mot que mon voisin est bien décédé. Je leur demande si il était âgé.

« On sait pas trop ».

« Bah plus nos âges (je draguouille) ou plus vieux »

« Impossible à savoir, pour vous donnez une idée : c’est walking dead là dedans »

« Ah ok »

« Si vous vous voulez aller à la pêche c’est le moment »

« Si vous avez des vacances c’est maintenant que vous devriez les prendre »

Ils sont sympa ces pompiers.

En tout cas, ils ont fini leur mission, ils partent.

Le policier plus âgé redescend, il tient à la main la carte d’identité du voisin.

« Il est de 1983 »

Ah putain il a quasiment mon âge.

La prochaine étape c’est l’arrivée de l’Officier de Police Judiciaire et de l’Officier de Police Scientifique. Ils viennent d’être prévenus, ils sont en chemin.

Au bout d’un bon quart d’heure d’attente sur le trottoir en face de chez moi, le policier me demande si y a d’autres personnes qui habitent l’immeuble.

« Non pour moi nous n’étions plus que deux »

« Ah donc je peux dire à mon collègue de redescendre, qu’il respire un peu »

Merde le pauvre j’y pensais plus.

Nous avons attendu plus d’une heure qu’ils arrivent. L’ OPJ m’a posé quelques questions. A ce moment là, une habitante du quartier dont l’appartement est situé en face de celui de mon voisin se présente. Et moi aussi je vais vous la présenter : elle est petite, blonde avec une queue de cheval, la peau ravagée par le tabac, elle porte un jogging et des claquettes chaussettes et surtout quand elle parle on ne voit que ses dents (ou du moins ce qu’il en reste. Pour remettre à neuf tout ça il faudrait investir le PIB de la Suisse). J’exagère un peu, y a pas que ses dents qui se remarquent quand elle parle, y a aussi son accent du 62 qui s’entend et 12 ans d’échec de l’éducation nationale.

« B’jour m’sieur l’agent si c’est pour le voisin. J’l’ai vu y a environ 5 jours. Y avait jamais personne chez lui. Ouais il y a 5 jours il a cherchait ses courses. Il était toujours seul. Ouais quand y avait la pluie après la canicule. Il est monté chez lui, puis après il a été cherché ses courses dans sa voiture. Quand j’ai vu la police toute a l’heure j’ai cru une bagarre avec monsieur » (elle parle de moi)

Mais qu’est ce qu’elle raconte cette conne ?

Je viens de passer de personne qui veut sauvegarder l’intégrité olfactive de son appartement à suspect numéro 1. J’ai envie de lui mettre une grande mandale dans sa gueule. Elle se barre.

L’OPJ me regarde avec un demi sourire et me dit « au moins maintenant vous savez que vous êtes espionné »

« J’avais déjà remarqué »

Entre-temps l’officier scientifique s’équipe. Elle sort un appareil photo et commence à prendre des photos. Ils montent et moi je retourne m’assoir sur le trottoir d’en face. Je commence à en avoir marre.

Puis arrive 4 autres policiers. On en est donc à 12 intervenants ! Mais vous allez voir c’est pas fini. Il est plus de 18h quand arrive mon sauveur pour embarquer les ordis et quelques affaires histoire de quitter mon appart pour quelques jours. Il se propose de m’aider à descendre les sacs. J’apprécie son offre mais l’odeur est tellement insupportable que j’ai des scrupules à lui faire subir ça. Je fonce prévenir l’OPJ que je monte prendre des affaires pour partir.

« Pas de soucis. Ah mais prévenez la scientifique pour qu’elle fasse des photos des taches chez vous. » Je vais la voir, et lui explique. « Je vais chercher mon appareil photo, on se rejoint chez vous » Je rentre dans l’immeuble. L’odeur est indescriptible. Heureusement que je n’ai pas mangé ce midi parce eu sinon j’aurais gerbé direct. Je fonce dans mon appartement, l’odeur est moins puissante mais je me dépêche de préparer quelques affaires. On toque à la porte c’est l’officier. Elle regarde mon sol et me dit « ah mais c’est propre chez vous, je vais enlever me surchaussures parce que j’ai marché dans… je vais enlever mes surchaussures ». Je la conduit dans ma cuisine. Elle règle son appareil. Je la regarde faire. Et d’un seul coup l’odeur devient super forte. Je lui demande « vous avez laissé la porte ouverte ? »

« Ah oui mince »

Je fonce refermer ce rempart olfactif sur gonds.

Une fois toutes mes affaires descendues, je retourne voir l’OPJ pour l’informer de mon départ. Au moment où j’arrive l’une des personnes qui est en charge de l’enlèvement du corps dit « aller on y va et on y met le cœur et les pieds si on peut » décidément y a de l’humour chez ces professionnels et je les comprends. J’annonce que je pars parce que l’odeur est épouvantable.

La même personne répond « attendez qu’on bouge le corps ça va être atroce »

« Bon bah j’y vais, bonne soirée, bon courage ».

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1 commentaire

Love that · août 26, 2020 à 07:25

Terrible ! Digne d’un épisode d’X-Files !

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