Nous sommes le samedi 11 septembre, il est 07h00. L’alarme de mon réveil m’extirpe des bras de Morphée. Oh putain pas simple. Je suis éclaté. Pas encore remis des séjours adaptés, déjà la fatigue des dossiers de retraite et accumulation de nuits difficiles, ça fait beaucoup. J’aurais bien voulu dormir 3 heures de plus. Mais pas le temps de traîner, on m’attend à 8h00 à Pérenchies.

7h08 l’air frais fini de me réveiller. Je me dirige vers l’arrêt du 76 qui m’emmènera directement à mon rendez-vous. Le bus doit passer à 7h27 ce qui me laisse le temps de vérifier pour la trente-et-unième fois les horaires, les arrêts de la ligne. Il faut dire que j’ai fait un gros pari : soit j’arrivais à 7h34 et je devais me réveiller une demi-heure plus tôt et me faire chier soit j’optais pour arriver à 8h04 et je pouvais dormir un peu plus. Mais c’est risqué compte tenu du peu de régularité du réseau Ilévia. Mais j’aime le danger, c’est juste qu’après j’ai des remontées acides et le caca mou.

7h27 putain il est pas là. Ça me casse les couilles. Je réfléchis aux options envisageables mais aucune n’est raisonnable et me permettrait d’honorer mes engagements. Heureusement pour ma santé mentale, le bus finit par se pointer. Je lance le bonjour le plus froid que je puisse au chauffeur. Je vais m’installer au fond du véhicule. Là où je pourrais ronchonner sur les gens qui font pas leur travail correctement.

Je suis perdu dans mes solutions radicales visant à rationaliser et optimiser les transports en commun, quand nous nous engageons sur l’avenue de l’hippodrome à Lambersart. Y a vraiment des maisons incroyables le long de cette rue. Ce qui me plaît c’est que toute sorte d’architectures cohabitent. Vous connaissez ma passion pour la villa aux briques jaunes et son style moderniste, mais j’aime beaucoup d’autre chose.

Nous passons au dessus de l’autoroute, je suis à présent seul avec le chauffeur. J’ai l’impression qu’il a rattrapé son retard. Nous entrons dans Lompret , je découvre toute cette zone où je n’étais jamais passé. Y a de sacrées baraques aussi. Mais le look est plus… comment dire ? Personnalisé. Un mélange de nouveaux riches chinois et de vulgarité belge. On aime.

Il faut pas que je me laisse distraire. Je retourne sur l’appli Ilévia pour la 32eme fois et je regarde les deux arrêts qui vont précéder celui où je sors. Il en reste 5. On passe devant un arrêt, il me semble avoir lu mairie de Pérenchies là où je devais descendre. J’ai pas vu les autres et la voix qui annonce les stops est complètement à la ramasse. Heureusement nous nous arrêtons à un feu. Je demande poliment au conducteur si il peut ouvrir les portes j’ai loupé mon arrêt. Il s’exécute, il vient de récupérer tous ses points d’appréciation.

Je me repère assez vite, grâce à mon analyse des lieux la veille sur les internets. J’ai deux minutes pour faire 300m ça devrait le faire. Juste avant d’arriver au point de rendez-vous je passe devant une rue perpendiculaire. Un petit groupe de jeunes femmes si trouve. J’ai un moment d’hésitation mais elles ne sont pas au lieu fixé. Je relis les instructions et, si on remplace droite par gauche (ce qui se fait souvent dans des instructions pour trouver un lieu) on se retrouve là où était le groupe. Je décide donc de tenter ma chance. Finalement droite et gauche sont deux termes aux sens très proches…

Bonjour vous êtes là pour faire la séance avec Gisèle ? Les 5 jeunes femmes répondent en cœur « oui ». Bon au moins je suis avec le reste du groupe. – On est d’accord qu’on est sûrement au bon endroit mais qu’on a pas suivi les consignes qu’elle a filé » J’ai pas pu m’en empêcher. Je critique mais ça permet de les faire rigoler. Ça crée un peu de lien quand y en a pas. Parce qu’autant vous dire que ces nanas je les connais ni Dave ni d’Adan (ouais j’ai fait exprès je suis pas aussi con que j’en ai l’air)

Qu’est ce que je fous là ? Pourquoi je me suis levé à l’aube un samedi alors que je suis crevé ? Je vais vous le dire. Le suspense a trop duré. Mais d’abord un petit flashback. Fin juillet 2018, je partais pour mon second séjour adapté. Lors du premier, qui avait eu lieu deux semaines avant, nous étions trois accompagnateurs pour trois vacanciers. Là pour ces vacances dans les Alpes, nous étions 50. 35 vacanciers 15 accompagnateurs. Le départ avait été un bordel monstrueux. Mais étrangement une fois sur place tout avait été carré ou presque. Le hasard avait voulu que je tombe sur les deux animatrices les plus compétentes. Mais ce n’était pas tout. La clef de ces vacances aux pti oignons c’était Gisèle. Elle avait tout géré, les véhicules, les crises des vacanciers, l’incompétence de certaines personnes, un rapatriement, les activités, le budget, une valise disparue et même jusqu’aux après midi piscine. Au départ je la trouvais un peu trop gentille mais au final j’ai découvert un général en chef, capable de faire face à un vacancier qui avait deux têtes de plus qu’elle (Ouais elle est petite) et de lui faire la morale parce qu’il avait volé. Bref vous l’avez compris je suis sous le charme de cette personne. Et y a quelques jours elle a lancé un appel sur l’une des 136 conversations messenger à laquelle je participe. Elle lance une activité et a besoin de cobayes. Quand mon général sonne le ralliement, je rapplique.

Me voilà donc à attendre en compagnie de parfaites inconnues. Et vous savez à quel point je suis à l’aise avec les gens que je ne connais pas. Heureusement l’attente est de courte durée. Gisèle arrive, nous salue. Ça tergiverse pas pendant deux heures, elle nous fait rentrer et nous guide à l’intérieur du bâtiment. Nous traversons trois pièces avant de nous retrouver dans les vestiaires. Nous n’avons pas de temps à perdre, la séance dure moins d’une heure. Heureusement je suis un homme organisé, je porte mon maillot de bain. Je n’ai pas besoin de me changer, je fourre tout dans un casier et je suis prêt. Et là normalement vous vous dites : Un maillot de bain ?!? Il va jusqu’à Pérenchies pour foutre son cul de poney dans l’eau. Peut-être on t-il des équipements de balnéothérapie pour équidés. Et bien vous faites fausse route. Et le body shaming c’est mal.

Je me suis levé alors que la rosée couvrait encore les prés pour participer à une séance de sophrologie dans l’eau. Voilà c’est lâché. Alors rassurez vous c’est bien moi qui écrit cet article. Le site demi-mesure aux performances modestes n’attire pas encore l’attention des hackers. J’ai tout simplement répondu à l’appel de Gisèle. Elle aurait lancé un club de parachutisme peut-être que j’aurais sauté d’un avion.

Mais revenons à nos moutons. Nous posons nos serviettes sur les chaises et rentrons dans l’eau. La piscine est modeste mais pas ridicule. Elle doit faire une dizaine de mètres de long et 4 ou 5 mètres de large. La pièce dans laquelle elle est située est joliment décorée. C’est propre et épuré, ça a un côté apaisant. Gisèle est en train de lancer la musique. Après plusieurs essais infructueux, elle décide que seule sa voix viendra rompre le silence. Elle se glisse dans l’eau et vient se placer face à nous. Nous nous sommes disposés en arc de cercle. Nous commençons par un exercice bras tendus à l’horizontal sur les côtés. Nous nous dispersons un peu pour ne pas nous gêner. Je me retrouve avec une nana dans le dos. L’exercice se fait les yeux fermés. Je suis pas super à l’aise. J’essaye de me détendre et de suivre les consignes. Mais une fois le mouvement expliqué j’essaye de le faire plusieurs fois alors qu’il faut prendre son temps. (Vous pouvez même relire cette dernière phrase avec l’accent suisse) Bref je suis pas synchro avec le reste du groupe. Heureusement le premier exercice est terminé, je vais essayé de me rattraper avec le second. Bon après je me mets pas non plus la pression on est pas aux jeux olympiques.

Le deuxième exercice est en fait bien plus merdique. Toujours les yeux fermés il s’agit de faire de petits bonds sur place et de travailler les épaules. Ma magnifique poitrine se met en mouvement. J’ai des bulles d’air qui remontent le long de ma raie. Et surtout, rester à la même place avec les yeux fermés c’est quasi impossible. Je sens que je pivote sur moi même, j’ai peur de rentrer dans quelqu’un. Vivement la fin. On a ensuite enchaîné avec deux autres exercices. Mais le plus beau c’est pour la fin. Gisèle a prévu de clore cette séance par un temps calme. Chacune des personnes présentes glissent une frite sous ses genoux et une sous le cou. Les consignes de relaxation s’enchaînent mais j’entends rien. J’ai les oreilles immergées. Tout le monde dérive. Je sens un contact avec quelqu’un. Quelle horreur. Heureusement il est l’heure de se rhabiller. Nous faisons un p’tit point. Sûrement que je suis plus détendu qu’en arrivant. Mais si j’avais fait la planche pendant 30 minutes sans personne autour de moi, ça aurait été sûrement plus efficace. Je pense surtout que je suis pas du tout le public visé. Donc mon retour on s’en fout un peu. Est ce que je recommanderais cette activité ? Sans hésiter si les personnes ont déjà eu l’occasion de faire du yoga, de la sophro classique ou toute autre activité pratiquée par les bobos bolcheviques aux cheveux longs.

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5 commentaires

Serge Karamazof · septembre 18, 2021 à 10:45

Merci t’as fait ma journée. J’espère que tu nous debriefera aussi suite à ta séance de lithotherapie.

Ricola · septembre 18, 2021 à 18:42

Riiiirre de bon cœuuuur
(Avec l’accent suisse)

Georges · septembre 20, 2021 à 13:59

Ah vous m’avez fait rire.
Hâte de lire vos prochains tests de traitement des boutons de fièvre par l’homéopathie !

Rantanplan · septembre 20, 2021 à 22:28

Ça change cette ouverture d’esprit ! Quand je pense à toutes les remarques que vous avez fait à certaines personnes de votre entourage plus aventureuses que vous !

Odile Deray · octobre 4, 2021 à 18:21

Mes confrères et moi attendons la suite de ce magnifique épisode.
Merci de votre compréhension.

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