Nous sommes le dimanche 19 juillet il est 7h. Je me réveille péniblement. Putain ça pue le poisson ! Hier soir j’ai fait une bouillabaisse. Et le problème c’est que je n’ai pas de porte à ma cuisine, donc forcément l’odeur s’est répandue dans tout l’appart. Bon pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, une longue journée m’attend. Aujourd’hui direction Dinant pour la descente de la Lesse. Après deux annulations, deux années de suite, cette fois-ci c’est la bonne ! J’ai vraiment hâte parce que J’ADORE le kayak.
J’ai fait plusieurs stages de kayak quand j’habitais en Guadeloupe. Puis plus tard, à côté de Pont à Mousson, mon appartement était à 20 m de la Moselle. La tentation était trop grande, je me suis acheté ma propre embarcation. Puis j’ai à nouveau déménagé et mon kayak a traîné dans un coin. Jusqu’à ce que mes parents partent à Vannes. J’ai donc emmené mon kayak de Paris à Vannes sur le toit de ma 107. Ça dépassait à l’avant et à l’arrière mais pas grave il fallait que je l’emmène. J’avais l’impression d’être Rabbi Jacob quand ils ont le bateau sur la DS. Grâce à mon kayak j’ai pu découvrir le golfe du Morbihan comme jamais j’aurais pu imaginer. J’en ai fait des bornes à coups de pagaie. Et puis il y a quelques années à l’occasion d’une visite chez une mangeuse de nonnettes à Bordeaux nous avions fait du kayak sur une petite rivière, c’était génial. Vous comprenez maintenant pourquoi je suis si excité à l’idée de ce qui m’attend.
Mais d’abord j’ai une mission sacrée je dois aller promener El Debilos le chien d’une pote partie en Week-end. Je me rend donc chez cette amie, attache la chose mi canine mi porcine (c’est un truc qui ressemble à un bouledogue français) et c’est parti pour la promenade. Je suis un peu en pilote automatique mais je presse le pas. J’ai vraiment hâte. D’autant que je dois être récupéré au passage par des amis, de ce côté-ci je ne suis pas trop inquiet, ils sont bien arrivés avec 45 minutes de retard hier soir à ma soirée. Vous savez comme j’aime le retard. Alors imaginez quand c’est chez moi. «Le génocide du Cambodge c’est une rigolade à côté »(Pierre Benichou). Après la promenade je dépose donc El Debilos, en lui laissant quelques consignes « bien prendre le temps de manger ses croquettes, boire beaucoup par cette chaleur, et bien penser à respirer. (La respiration c’est le mal-aimé des consignes de prévention). Puis direction Cormontaigne, lieu de l’extraction.
J’ai été mauvaise langue, la synchronisation fut parfaite ! Étape suivante café-croissant au point de ralliement général. Boire son café sur une terrasse à 8h c’est bien. Surtout quand on est entouré de fleurs odorantes et d’amis (odorants aussi, mais c’est l’ail de la bouillabaisse d’hier soir).
Enfin le top départ est donné. Belgique nous voilà. Enfin pour la voiture n°1 (parce que je suis dedans) ce fut un faux départ car Sergeï avait oublié ses affaires chez lui. Un pti détour mais c’est pas dix minutes qui vont changer grand chose, on a en effet deux heures de route qui nous attendent.
Dinan apparaît sur les panneaux, nous touchons au but ! Nous passons devant plusieurs barrières qui indiquent que les parking sont complets. Mais pas d’inquiétude, comme à EuroDisney quand c’est plein, on passe au suivant (oui je sais y a pas que chez Disney…) Nous sommes guidés par des gus qui portent des Tshirts orange de l’entreprise de location de kayak. Putain y’a foule, la pelouse qui sert d’aire de stationnement se remplie à vue d’œil. Je bondis hors de la voiture, je mets quelques affaires et mon pique nique dans un sac. AYE je suis prêt. Tout le monde n’ayant pas fait l’école des commandos sous-mariniers comme moi, le temps de préparation fut plus ou moins long en fonction des individus. (L’âge avancé de certains composants de notre groupe, ne doit pas aider).
Pour trouver son chemin pour retirer les tickets c’est pas compliqué il suffit de suivre le flot de gens, comme à Disney. On fait quelques centaines de mètres avant de tomber sur les files qui mènent à la dizaine de caisses d’ouvertes ( ah ouais c’est pas la poste ici). On missionne une représentante pour aller payer. Puis c’est la queue vers les autocars qui nous emmènent au point de départ de la descente. La file est impressionnante mais ça avance plutôt bien. Après un petit quart d’heure d’attente, vient notre tour de grimper à bord du car de 80 places. J’ai la chance de tomber sur Amphigénie comme voisine de siège. Elle adore la drogue parce que ça fait trop cool mais aussi tirer la gueule parce que ça fait trop dark. Ouais.
En un quart d’heure, et après avoir croisé six autres bus, nous descendons. Le lieu de départ est tout proche ! Il faut s’équiper. D’abord un seau. Non pas pour écoper mais pour ranger nos affaires à l’abris de ce contenant plus ou moins hermétique. C’est Sandra qui distribue les seaux et déjà c’est pas simple pour tout le monde. Y a un seau par personne mais tout le monde ne comprend pas, pire y a des trous de balle qui s’installent devant Sandra pour ranger leurs affaires. Un peu comme les connards aux contrôles de sécurité voir mon premier article. Puis c’est au tour de la pagaie, les gens passent 45 secondes chacun pour choisir une pagaie alors qu’elles sont toutes pareilles ! Et si vous avez pas bien suivis 7 bus x 80 places = 560 et possibilité de faire deux rotations par heure environ. On est au alentour de 1 000. Donc imaginez 45 secondes par tête de pipe. Puis enfin on est dispatché dans des files en fonction de notre embarcation : canoë, kayak, mono ou biplace. Et là j’hallucine un peu c’est l’usine. Un mec est chargé de commander les embarcations grâce à un talkie. De pauvres malheureux sortent les bateaux d’immenses remorques puis les positionnent sur une sorte de piste munis de rouleaux qui font avancer les kayaks jusqu’à leur locataire. Après il faut vite embarquer et un préposé repousse le bateau qui continue son chemin sur ce « tapis roulant » avant de finir dans la rivière. Une mise à l’eau toutes les 5 secondes. Même au parc Astérix pour prendre les bouées géantes c’est moins rapide.
Bon les inégalités se sont faites plus visibles. On n’est pas tous égaux. Y a donc 6 files, la consigne est la même pour tout le monde. On donne le ticket de couleur au premier monsieur et le second avec le code barre au second monsieur. On a eu le droit à tout. Mais fuck c’est à notre tour.
Ayahhh je monte à bord. Poum ting ting ting ting c’est pas super agréable les rouleaux SPLATCH ayé je flotte !
Et là, c’est la cour des miracles. Y’a 35 embarcations devant moi et y’en a seulement un quart dans le bon sens. Ça geint, ça gueule dans tous les sens. En quelques coups de pagaie j’essaye de fuir ce bordel. Mais après deux virages je m’aperçois qu’il y a vraiment vraiment vraiment beaucoup de monde. Finalement on décide de s’arrêter aussitôt pour pique-niquer et évaluer un peu la situation.
On a bien choisi notre emplacement : quelques dizaines de mètres plus loin il y a un « rapide » qui engendre un sacré bordel et un kayak se retourne toutes les 5, 10 minutes environ, ponctué de nos applaudissements. Je dis rapide mais quand je saute dans une piscine ça fait plus de vague. Mais les équipages qui arrivent perpendiculaires au courant ou à 12 embarcations en même temps forcément ça passe pas. Au moins on se marre. Mais on déprime aussi parce qu’on voit passer des hordes de cons, des mecs avec des ampli à fond qui diffusent de la musique de qualité comme vous vous en doutez, des gens la clope au bec alors qu’ils viennent à peine de commencer. Bref la totale.
Après notre déjeuner, on se lance. Et ce n’est qu’une succession quasi interminable de manœuvres pour éviter les bateaux qui arrivent de partout. A plusieurs endroit le manque d’eau se fait cruellement sentir. La coque frotte.
Je passe devant mais m’arrête régulièrement pour attendre le reste du groupe. Après un virage il y a un passage où je dois sortir de mon kayak pour passer car la hauteur d’eau est trop faible. Je le fais en même temps que mon pote Jim Hopper. On est rejoint quelques instants plus tard par son mec Sergeï. On attend le reste du groupe en matant les mecs. Mention spéciale au designer qui a créé un short de bain qui devient transparent une fois mouillé, merci à lui. On a pu admirer un magnifique cul sous toutes les coutures. Au bout de 10 minutes environ on a toujours pas vu passer le couple de bordelais. Mes potes me soutiennent qu’ils sont devant et que je ne les ai pas vu passer. Ni une ni deux je me mets en propulsion sub-luminique pour les rattraper. Putain j’ai forcé comme un grand bourrin pendant bien 30 minutes. J’ai dépassé tous les débiles qu’on avait vu pendant notre pause dej. Mais après une demie heure d’effort je me rends à l’évidence : ils ne sont pas devant moi.
Je m’arrête donc sur une petite plage pour les attendre. Au bout de quinze minutes, les voilà ! Je me remets à l’eau. J’ai profité d’avoir retrouvé mes compagnons d’aventure pour les faire chier un maximum. Tamponnade, coup de pagaie pour faire gicler de l’eau au bon moment. Mais ce n’est pas facile d’avancer quand y a des momes qui nagent au milieu de tous ces bateaux, que Thérèse et Viviane ont toujours pas compris comment se diriger et te rentrent dedans, que Kimberley et Kenza ont décidé de prendre leur pause au milieu de la riviere et en travers du courant. C’est bien simple une fois y en a deux qui m’ont tellement gavé a être en travers que je me suis arrangé pour les mettre dans le sens inverse du courant. Ce qui a donné naissance à mon cri de guerre « kayak en travers, kayak à l’envers».
Après cette aventure au goût amère il nous fallait des forces et de quoi nous remonter le moral. Nous sommes donc aller manger une frite à Menin.
Au final malgré cette très mauvaise impression, la journée fut formidable. Remplie de discussions passionnantes, de rires, d’amour et d’un soupçon de jugement.
Merci les gueux.
7 commentaires
Ouh putain mon gaillard · juillet 20, 2020 à 19:33
Tu nous as attendus 15 mn mais tu n’as pas précisé que nous t’avions également attendu avant et que tu nous as royalement snobés quand tu nous as rattrapés, occupé que tu étais à foncer dans un kayak rempli d’enfants pour tenter de les renverser.
Michaël · juillet 20, 2020 à 20:23
C’est vrai
John Travolta · juillet 20, 2020 à 20:46
🤩 t’es beau sur la photo bb
Une descente presque parfaite · juillet 20, 2020 à 20:48
On a aimé : les paysages les copains le soleil et les frites
On a pas aimé : Kevin et Brenda qui boivent et qui sont bruyants dans leurs propres bouchons.
Note : 7/10
Macron · juillet 21, 2020 à 12:27
Mon pauvre mais faites comme moi, il faut aller au fort de Brégançon avec quelques CRS. C’est l’assurance de ne pas être dérangé par la plèbe !
Georges · juillet 21, 2020 à 12:30
Vos ami.e.s ont tellement de chance de pouvoir vous fréquenter ! <3
Elizabeth · août 15, 2020 à 13:35
Very good my dear !