Nous sommes le 12 septembre 2020, il est 13h30. Oui je suis un peu en avance. Oui beaucoup en avance. Mais ce n’est pas tous les jours qu’on a rendez vous pour bosser à l’opéra. Eh oui, vous avez bien lu, j’ai été retenu pour participer à une reprise du Roi Carotte. En effet l’institution essaye de se ré-inventer après ces moments difficiles. L’idée : proposer à un petit groupe de lillois de chanter accompagné d’un orchestre complet pour une série de 7 représentations. En tout, nous serons une trentaine d’amateurs, qui avons été sélectionnés pour nous produire en compagnie de 5 chanteurs professionnels.
Je rentre 30 minutes avant l’heure prévue, dans le bâtiment que je connais déjà assez bien. Forcément je suis le premier, mais il y a déjà quelqu’un pour m’accueillir. Petite vérification d’identité, la personne vérifie la liste. Nous échangeons quelques banalités en attendant le reste des amateurs. Heureusement petit à petit les gens arrivent. De tous âges, d’allures différentes, mais nous avons tous un point commun : le visage un peu pâle, l’air anxieux.
Finalement à 14h05 le dernier arrive. Le groupe au complet suit l’employée de l’opéra qui nous conduit au dernier étage dans la salle de répétition. Les 5 professionnels sont déjà là accompagnés du chef de chœur et d’un pianiste. Après quelques salutations, on nous distribue les partitions en fonction de notre tessiture. On nous explique le contexte dans laquelle les deux scènes que nous allons interpréter se situent. Et la répétition commence. Les débuts sont un peu catastrophiques. Mais bien vite le niveau s’améliore. Chacun se détend, et donne le meilleur de lui. Au bout de trois heures de chant, il est temps de faire une pause. Annie la chef costumière est venue à notre rencontre. Nous allons faire quelques essayages. Elle nous explique qu’à chaque hauteur de voix est prévu un type de costumes. Les costumes sont ceux qui ont servi pour les représentations du roi carotte en 2018. Je suis un peu en retrait par rapport aux autres, par habitude, et je m’aperçois que le contre ténor professionnel a bien du mal à suivre toutes les informations qui nous sont données. Et pour cause il s’agit de Jakub Jozef Orlinski le charismatique chanteur polonais. Je m’essaye à une traduction, mais mon anglais est vraiment médiocre. Au moins l’essentiel est traduit et ça nous fait rire. On se faire d’ailleurs un peu remarquer. Annie nous demande à tous de la suivre. Nous descendons quelques étages, ce qui me permet d’engager à nouveau la discussion avec le beau Jakub. Lui aussi connaît bien l’opéra de Lille pour y a voir joué Rodelinda en début de saison il y a deux ans. Je lui indique que j’ai vu deux représentations de l’œuvre de Haendel dans des conditions très différentes. La première fois, à la générale, au premier rang, avec l’impression très intimidante qu’il chantait en me regardant. La deuxième fois, avec des amis, entouré de vieilles qui puaient le parfum et qui commentaient tout. Il rit de cette anecdote. Il est vraiment magnifique quand il rit.
Nous sommes arrivés devant les deux loges dans lesquelles nous allons faire les essayages. Femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Et aussi étonnant que cela puisse paraître les chanteurs professionnels sont avec nous, ils ont poliment décliné l’offre de loges privées. Je dois trouver un costume de radis à ma taille. Malheureusement je suis plutôt enrobé et aucun costume ne correspond. Je fais plusieurs propositions et remarques qui font rire aux éclats le polonais. J’en fais des caisses et il adore ça.
Pour finir je propose d’assembler deux costumes pour en faire un grand et de le peindre pour cacher les raccords. Une teinte sombre fera disparaitre les coutures. Je suis donc le seul radis noir de la troupe. Annie prend quelques mesures de moi, passe de l’un à l’autre pour aider à enfiler un pantalon ou un gilet. On dirait une abeille qui butine. Jakub commence à se déshabiller pour l’essayage.
C’est à ce moment précis que Naboo m’a réveillé. Il est en fait 2h10 et nous sommes le vendredi 15 mai.
Mon rêve s’estompe petit a petit. Mais heureusement je garde le sourire de Jakub en mémoire
4 commentaires
Pologna forza · mai 16, 2020 à 00:35
Mais whaaat ça s’arrête comme ça ??
Tu crois qu’en tapant son nom sur Google il va arriver sur ton article et tomber amoureux de toi en un instant ?
Toux du matin chagrin · mai 16, 2020 à 09:58
Naboo casse tout. Il est un dream breaker.
Jakub · juin 6, 2020 à 13:17
I had the same dream 😍
Georpges · mai 24, 2020 à 15:07
Ah, je me suis dis que ca allait finir en sodomie. J’etais plein d’espoir pour votre anus. #hope