Nous sommes le jeudi 15 octobre, il est 16h58. Je sors de chez moi, j’ai deux missions à accomplir :

1) régler des problèmes avec l’agence immobilière. 2) aller chez Ikéa pour régler un problème de vis.

Étape nº1 : Je rentre dans l’agence. Elles doivent en avoir marre de me voir. Et de mon côté j’aimerais ne pas avoir à venir.

J’explique que contrairement à ce qui avait été convenu le chèque de caution a été encaissé. Zoé me donne le numéro du comptable pour que je puisse voir directement avec lui. Je quitte donc l’agence sans les déranger plus que ça puisque la totalité des problèmes sont d’ordre comptable. Je descend l’escalier de la station de métro, histoire de pouvoir passer mon coup de fil tranquille.

J’appelle. « Ah mince, j’étais en congés, mon équipe n’a pas respecté les consignes que j’avais données. »

⁃ « Ok. Y a aussi les travaux que j’ai réalisé, j’ai laissé les factures à l’agence. Et pour finir une régule de charges a été faite en août et n’a pas été prise en compte. »

Il me promet de gérer ça au plus vite. Au final c’est plus de 800 € qui doivent m’être restitués. Je pense déjà que je vais devoir le rappeler plusieurs fois pour obtenir la totalité. Mon appel terminé, je file dans le métro, pour la seconde étape de ma mission.

J’arrive devant le magasin Ikea , en temps normal, il faudrait que je passe par la sortie pour aller au SAV. Mais Covid oblige, je vais docilement jusqu’à l’entrée, me désinfecte les mains au gel hydroalcoolique qui pue. Je traverse tout le magasin dans l’autre sens en longeant les caisses. J’aperçois la borne qui distribue les tickets qui dispatchent les clients vers les différents guichets. Mais juste à côté il y a un employé qui monte la garde. A en juger par son attitude, il va falloir lui passer sur le corps. Je suis pas contre cette perspective, il est vraiment beau avec ses cheveux longs et son pantalon moulant. Il pourrait faire mannequin chez Kevin Klein avec une plastique pareille.

Je m’approche et comme prévu, il fait barrage. « Bonsoir je peux vous aider ? »

⁃ « Bonsoir, j’ai eu un soucis dans le sachet de vis fournies, il y avait une erreur. Une vis à bois a été remplacée par une vis à pas métrique. »

« Vous avez déjà regardé au distributeur ? Je vous invite à chercher, et si vous ne trouvez pas revenez me voir »

Je suis un peu dubitatif, pour moi le distributeur en question est payant. Mais je suis en mode discipliné et donc je m’exécute. Je me retrouve devant ledit distributeur. Je trouve assez rapidement ce qui semble correspondre à ma vis manquante. Je cherche une indication permettant de contourner l’étape de paiement, mais rien. Je retourne donc auprès de l’adonis.

« Vous n’avez pas trouvé ? »

⁃ « Si mais c’est payant à priori »

«  Oui c’est payant »

⁃ « Oui mais je vais quand même pas payer pour une faute imputable à Ikea »

«  Vous voulez des vis supplémentaires ? C’est payant »

⁃ « Je veux pas de vis supplémentaires, je veux la vis que j’aurais dû avoir, c’est tout »

Il est mignon Nikos, mais il commence à me gaver.

« Ah pardon, je vous avez mal compris » il sélectionne une touche et me tend un ticket. « Vraiment désolé, j’avais pas compris »

⁃ « C’est rien. Merci »

Je me dirige vers l’espace d’attente. Adieu canapés confortables pour patienter, grâce à la pandémie, c’est debout qu’il faut attendre.

Au bout de quelques minutes je suis appelé. C’est Sylvie la cinquantaine qui m’accueille avec un large sourire. « Qu’est ce que je peux faire pour vous ? » Je lui explique ma mésaventure et lui tend les deux vis : celle qui ne va pas et une que j’aurais dû avoir. Elle s’éclipse.

Elle revient après bien 5 minutes. Elle m’explique qu’elle n’a pas trouvé exactement le même modèle. Elle me demande quel est l’article concerné. Je lui répond que c’est un tabouret et je parcours mon ticket de caisse à la recherche du nom. Elle retourne dans l’entrepôt. Elle revient au bout de trois minutes. « Je suis désolée, je ne trouve pas la bonne vis. J’en ai une ressemblante, mais c’est la même. » elle ouvre la main et me montre deux vis parfaitement identiques.

⁃ «Ce ne sont pas les mêmes ? »

« Non, regardez, y a une différence » elle aligne parfaitement les deux vis. Effectivement y a une différence, mais de moins d’un millimètre.

⁃ « C’est pour un tabouret, pas un module spatial, je m’en fous »

Elle est un peu surprise. « Vous êtes sûr ? »

⁃ « Oui oui vous inquiétez pas on verra jamais la différence. »

Elle me tend donc la vis.

⁃ « Merci beaucoup. » Je lui donne la mauvaise vis « pour votre stock ».

Elle se marre. On se quitte après un échange de politesses.

En passant je lance à Nikos un « bonne soirée » que j’ai voulu sensuel. Pas sûr que je sois parvenu à mes fins.

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2 commentaires

Marisol · octobre 19, 2020 à 17:12

Il reste des gens bons sur cette terre

Georges · octobre 29, 2020 à 11:05

Merci d’avoir partagé ce moment pétillant et complice. Vous êtes un phare à travers toute cette obscurité.

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