Cet article est dédié à une personne qui a mis la moitié de son patrimoine génétique à l’intérieur d’un autre être humain. Et dont c’est l’anniversaire aujourd’hui.
Nous sommes le samedi 9 mars, il est 06h32. J’ouvre un oeil. J’ai envie de pisser. Quelle heure peut il bien être ? Je choppe mon iPhone et je regarde. Putain, il est trop tôt. Mais ce qui attire mon regard c’est la pastille avec le chiffre 1 sur l’icône de l’appli mail. Machinalement j’appuie sur le symbole de l’enveloppe.
Je sais pas si vous le savez, mais je suis un garçon plutôt organisé. Mes mails sont organisés au travers de 4 adresses différentes. L’une d’entre elles a été créée récemment pour un usage très spécifique. Et c’est justement dans cette boite qu’un nouveau mail est arrivé. C’est un message que j’attends depuis des mois. Revenons un peu en arrière que je vous explique.
Nous somme le 12 août 1984, il est 13h32. Je fais la sieste à l’ombre d’un parasol sur la terrasse de l’appartement que mes parents ont loué à la Tranche sur mer.
Ah merde. Nous sommes remontés trop loin.
Nouvelle tentative : nous sommes le mardi 10 octobre, il est 20h37. Allongé sur le lit de ma chambre d’hôtel à Prague, je décide de commander un test ADN. Un test ADN ? Ouais on se calme. Je vais tout t’expliquer.
Pourquoi un test ? Pour découvrir mes origines génétiques. Ça ne va sûrement pas révolutionner ma perception du monde. Mais ça peut être drôle d’apprendre que j’ai des ancêtres péruviens. Le test que je veux effectuer à une particularité interessante. Il analyse des groupes géographiques, mais aussi des groupes religieux. Ça m’intéresse parce que j’ai découvert qu’une partie de mes ancêtres vivaient dans un village avec une forte concentration de juifs. Je me suis dit qu’un « rapprochement » avait pu se produire. Et promis je vous raconterais ça en détails un autre jour.
Comment faire ce test ? C’est là que ça se corse. En théorie c’est assez simple. On reçoit un kit, on frotte un écouvillon dans sa bouche, on renvoi l’échantillon et paf : on découvre qu’on est suisse (j’aime les scénarios catastrophes). Dans la pratique c’est un peu plus compliqué. Les tests dit « récréatifs » sont interdits en France. Donc quand on veut commander un test on se fait bananer par les sites. Je vous vois venir avec vos gros sabots, même avec un VPN (levage d’yeux). De toute façon ce n’est pas le seul problème, puisqu’en plus, on ne peut pas utiliser une adresse postale située en France. Mais comme vous le savez, j’ai plus d’un tour dans mon sac.
Il y a quelques semaines de cela, je suis entré en contact avec le beau J. Quand je dis beau, on est bien en deçà de la réalité. Le mec est une bombe atomique, un avion de chasse, un dieu grec. D’ailleurs faut que je vous raconte comment je l’ai rencontré.
Flashback dans le flashback, on se croirait dans Inception.
Nous sommes le dimanche 11 février 2018, il est 18h53. Je suis dans le métro lillois. Je rentre d’un week end à Paris chez mon frère. Je suis descendu du OuiGo à Tourcoing et donc je rentre chez moi. Je suis assis à l’avant de la rame. Je suis perdu dans mes pensées, quand soudain, il s’assoit en face de moi. Pow pow pow. Un rapide coup d’oeil autour de moi, histoire de m’assurer que tout ceci n’est pas un rêve. Non tout ceci est bien réel. Il est un concentré de tout ce que j’aime chez un mec. Des dreads blondes, un visage fin, de beaux yeux bleus gris. Il a un style un peu hippie-grunge. Pfiuuuuuu. Je suis déjà en train de me dire que nos enfants seront magnifiques. Cependant pour que ça arrive, il faudrait déjà être capable de lui parler. Il a à la main un monocycle. Un sujet de conversation évident. Trop peut être ? Ouais, tout le monde doit lui en parler. Je dois trouver quelque chose de plus original. Je cherche, je cherche, pendant que les stations défilent. À un arrêt, un autre mec entre dans le métro et s’assoit à coté de l’apollon. Et qu’est ce qu’il fait ce connard ? Il parle à mon futur époux. Et de quoi ? De son monocycle. PUTAIN DE MERDE. Heureusement comme je suis un garçon pondéré et mesuré, l’individu est toujours vivant. Pendant que les deux conversent, j’envoie dans une conversation partagée avec des amis, une description complète de mon nouveau coup de foudre. Malheureusement j’arrive à Porte de Douai, je dois quitter la rame. Adieu idylle.
Quelques semaines plus tard, je suis dans un bar lillois avec le roi du monde à l’envers. Quand j’aperçois le canon entrer dans le bar. C’est tout juste si je me suis pas caché sous la table. J’interpelle M. et je lui dis – Incroyable, c’est le super beau gosse du métro ». Le roi du monde à l’envers jette un coup d’oeil, se retourne et me sors « Ouais c’est J. ». – Comment ça c’est J. Tu le connais ? « Ouais il bosse ici ». – M. je t’ai parlé d’un mec, grand, blond avec des dreads et un monocycle et toi tu percutes pas que tu sais qui c’est ? T’en connais beaucoup, toi des gars avec un monocycle ? ». Il a un temps de réflexion, et me sort en se marrant « Non effectivement, mais j’avais pas fait le rapprochement ». FASCINANT. Fin du flashback dans le flashback.
Donc j’envois un pti message à J. pour lui demander si il peut faire le relais. Parce que désormais le Don Juan habite en Allemagne. Une ville dont je tairais le nom mais qui a été divisée pendant quelques années par un mur qui portait son nom. L’idée : faire livrer le kit ADN au pays des autoroutes en kit, et le faire réexpédier chez moi. Car si les tests sont interdit en France (et en Pologne) ils sont autorisés dans le reste des l’Europe. J’expose donc ce plan permettant de contourner l’interdit. Et j’obtiens une réponse positive de la part de cette graine de gangster.
Je profite donc d’être en Praguie pour commander à un site israélien un test que je vais faire livrer en Allemagne pour un français. C’est ça la mondialisation. Je passe donc commande, le délai de livraison est d’une à deux semaines. Parfait.
Le 12 octobre, je reçois un message du deutschlandais d’adoption « J’ai reçu ton colis hier. » Putain trop bien c’est rapide. Nous nous sommes mis d’accord pour qu’il me le renvoie par la poste allemande. Le 14 octobre c’est chose faite.
Le 23 octobre je n’ai rien reçu, mais ça s’inquiète outre-Rhin. Moi je suis plutôt serein. Certes la première partie de l’acheminent est effectuée par les allemands, mais après c’est la poste française qui prend le relais. Et là, bah faut s’attendre à tout.
Le 25 un autre très beau garçon qui excelle dans la confection de flans m’apprend qu’il a commandé des trucs en Allemagne et que ça a pris beaucoup de temps. Je passe le message à J. pour tenter de le rassurer.
Le 8 novembre toujours rien. Je me dis que je devrais passer au bureau de poste pour demander. Mais comme je n’ai rien, je me vois mal me pointer et interroger l’incompétent.
Le 9 novembre en jetant un coup d’oeil sur la photo du ticket de caisse de la poste allemande, je m’aperçois qu’il y a un nombre qui ressemble à un numéro de suivi. Je tente. Banco. C’est bien l’identifiant du colis. Et sur le site de DHL il est précisé que le colis a été transmis à la plateforme régionale. Finalement j’obtiens un autre numéro celui de la poste française. Et quand je lis les infos, mes envies de meurtres de masse me submergent. Ces connards ont le colis depuis plus de deux semaines. Ils indiquent qu’ils ont tenté une livraison. Forcément le facteur n’a pas laissé d’avis. Et comme il est resté trop longtemps au bureau de poste, le colis est reparti la veille vers l’expéditeur. Je tente de téléphoner au service client de la poste. Comme on parle du plus haut niveau d’incompétence, vous vous doutez bien que je n’ai obtenu ni renseignement pertinent ni aucune action réparatrice.
Le 23 novembre le statut du colis est désormais « destinataire inconnu ». Il faut que J. appelle pour fournir son adresse. Si moi je la donne c’est pas pareil (on marche sur la tête).
Finalement le retour à l’envoyeur sera effectif le 18 janvier. Une semaine plus tard il est réexpédié par le teuton d’adoption.
La pression est maximum à ce moment car le 2 février je me rends à Strasbourg et j’aurais voulu emporter le kit avec moi. Heureusement le 31 janvier je récupère « un colis ». Je mets des guillemets car le carton est dans un état… Je crains le pire. A mon avis ils ont ouvert le paquet pour voir si y avait des trucs à voler. Mais miraculeusement le test est encore à l’intérieur.
Le vendredi 2 février, je pars en direction de la capitale alsacienne. Qu’est ce que je vais foutre au pays des cigognes ? J’accompagne les soeurs de la perpétuelle indulgence. Nous sommes arrivés en fin d’après midi pour les plus dégourdis. La voiture pilotée par le roi du monde à l’envers est arrivée plus d’une heure après nous…je dis ça juste en passant.
Le lendemain matin, le 3 février, pour ceux qui ne suivent pas, je me suis levé vers 7h. Je me suis habillé en silence. J’ai quitté sur la pointe des pieds la chambre que je partage avec trois membres du couvent. Je me suis rendu au rez de chaussé où se situe la salle pour les petits déjeuners. J’ai pris le kit avec moi. Avant de boire ou manger quoique ce soit je me munie du premier goupillon et je frotte l’intérieur de mes joues. Je glisse l’extrémité dans le petit tube que je referme précautionneusement. Je répète l’opération avec le deuxième goupillon. J’enferme le tout dans l’enveloppe à bulles.
Je prends mon petit dej en 4eme vitesse. Je sors de l’auberge de jeunesse, direction l’arrêt de tram le plus proche. Après une dizaine de minutes de marche j’arrive sur le quai. La ligne que je m’apprête à prendre à une particularité : elle traverse le Rhin. Et donc le terminus se trouve en Allemagne. Hé pas bête la bête. En tout ça m’a pris 25 minutes avant de pouvoir descendre à l’arrêt situé après la frontière. J’avais repéré une boite aux lettres sur la place de l’église. Et l’affranchissement ? Alors là mes gaillards vous êtes pas prêts. En France pour un colis il aurait fallu passer dans une de leur agence immonde ou prendre un carnet chez un commerçant. Là j’ai téléchargé l’application. J’ai payé en fonction de la nature de mon envoi. En l’occurence 1,6€ (parce que j’ai joué la sécurité). En France j’en aurais eu pour 6,2€. L’application délivre un code à 8 caractères à recopier sur l’enveloppe et le tour est joué. Ou y a la possibilité d’imprimer son timbre.
J’ai glissé mon enveloppe dans la boite aux lettres et l’attente a commencé. J’ai reçu un premier mail le 13 février pour me prévenir que les échantillons avaient été réceptionnés. Un autre le 20 pour m’informer que le processus d’analyse avait commencé. Et c’est donc aujourd’hui 9 mars que les résultats sont enfin disponibles.
Je m’étais préparé à beaucoup de choses. Mais peut être pas assez…
Les analyses révèlent pour mes origines ethniques : 35,3% italien, 34,1% scandinave, 19,8% Ouest Nord-européen et 10,8% anglais.
Première déception pas de trace d’origine juive. Ensuite mes origines principales sont italiennes… Au moment où j’écris cet article je ne sais pas trop quoi faire de cette info. Après j’aime les expressos donc ça parait logique. Mes meubles viennent de chez IKEA ça explique le coté scandinave. Europe de l’Ouest c’est mon coté français. Pour finir le culte que je voue à la reine Elisabeth II s’explique surement par mes origines anglaises.
5 commentaires
Toto · mars 9, 2024 à 22:15
On a donc ton nouveau surnom
Michaël · mars 9, 2024 à 23:49
Quel est il ?
Georges · mars 9, 2024 à 23:42
Du coup ces origines italiennes expliquent votre maîtrise incroyabe du roulage d’yeux
Salade Cesar · mars 12, 2024 à 12:40
Tu quoque mi fili ?
Coquelicote · mars 14, 2024 à 09:58
Ça t’a pris quand même 5 mois cette histoire !!