Self control

Nous sommes le samedi 30 octobre, il est 10h39. Ça fait déjà 12 minutes que je patiente. Et vous me connaissez, j’ai une tolérance assez faible à ce sujet. Quand je suis de bonne humeur, ce délai est d’environ 35 secondes. Autant vous dire que j’ai déjà imaginé 4 techniques différentes pour saccager l’agence BNP dans laquelle je me trouve. Il faut dire que le client qui me précède à une demande qui sort de l’originaire : il veut virer de l’argent.

Finalement on explique à ce monsieur que son opération doit être validée par une personne tierce, et on l’invite à patienter. C’est donc à mon tour. Enfin. – Bonjour, je voudrais supprimer les virements permanents présents sur mon compte. « Bonjour, d’accord. Je vais prendre votre pièce d’identité » – Par contre avant de les supprimer j’ai besoin de récupérer un certain nombre d’informations. « Oui, dites moi ». Je voudrais vérifier le nombre de virements en place, le montant… « Sur votre compte chèques combien il vous reste ? » C’est à ce moment très précis que j’ai commencé à perdre patience. Mon expression faciale a dû trahir mon agacement parce qu’elle a aussitôt enchainé : « Qu’est ce que vous voulez savoir exactement ? » – Je voudrais connaître le nombre de virements permanents actifs pour le moment. « Y a un virement le 12 de 190 € » – On parle de virement permanent là. « C’est un virement compte à compte » – Oui justement. Et moi je veux des informations sur les virements permanents. Au débit du compte chèques vers des bénéficiaires. « Oui » – Par exemple y en a pour M P*** Matt****. « Oui le 11 octobre pour un montant de 60€. » Là je me suis vu faire le tour du guichet et aller lui renverser son bureau. – Est ce que vous savez ce que c’est un virement permanent ? « Oui » – Bah, j’ai un doute parce que c’est un virement unique que vous venez de me citer. « Y a un virement pour motif Madame Arthur » – C’est un virement unique ça. Et j’ai ponctué ma phrase d’un long soupir de désespoir.

« Je vais voir avec mon collègue »

Je suis allé sur mon appli pour prendre les montants des dites opérations. Au bout de trois minutes interminables, un mec sort d’un bureau. « Bonjour. Comment puis je vous aider ? » – Je voudrais supprimer les virements permanents de mon compte mais au préalable je voudrais récupérer certaines infos. J’en compte trois. « Oui c’est bien cela. » – Je voudrais connaitre… Je suis interrompu par l’arrivée d’un troisième larron qui explique aux deux autres pourquoi l’opération du client précédent ne passe pas. Puis le binôme retrouve sur mon dossier. Le mec lui montre des trucs. C’est le moment formation. Y a déjà quatre personnes derrière moi. Tout va bien. « Donc monsieur ? » – Je voudrais savoir quand aura lieu la dernière récurrence du virement au bénéfice de M VA*****. On notera ici l’emploi du futur. Notion qui permet d’indiquer que je suis à la recherche d’une action qui interviendra après le moment présent. Il lui explique comment accéder à l’information. Ça dure, ça dure.

« La dernière échéance traitée date du… » – Non je voudrais savoir pour quelle date a t on programmer la fin de ce virement ? Je fais un gros effort sur moi même pour ne pas me mettre à gueuler. Mais ma voix tremble tellement je suis énervé. « Vous avez demandé un arrêt le 5 décembre 2022 » – Très bien. Maintenant on peut supprimer les virements. « Vous allez en créer de nouveaux ? » – Non, je vais clôturer mes comptes. « Vous partez dans une autre agence ? » -Non. « Faudra faire un courrier pour demander la clôture du compte et de l’ensemble des services, avec une date une signature, un RIB pour effectuer le virement du solde ».

Je comptais résilier les services et clôturer mon livret A aujourd’hui. Mais vu la nullité absolue à laquelle je fais face, j’opte pour la prise d’un rendez vous. Elle me propose l’envoi d’un sms pour confirmer mon rdv. J’acquiesce. Il a fallut encore attendre 8 minutes pour qu’elle sorte les trois documents à me faire signer pour la suppression des virements. Je suis sorti y avait 7 personnes qui faisaient la queue.

Il est 13h28. J’attends encore le sms.