Une fin de semaine compliquée

Nous sommes le vendredi 28 mai, il est 16h18. Je sors de chez moi. Je suis épuisé. J’ai tartiné toute la journée pour faire un max de dossiers. Et je dois dire que je suis plutôt fier de ce que j’ai accompli. Mais ça m’a vidé, j’ai même la flemme de marcher. Mais bon y a 250 m entre chez moi et l’arrêt de bus ça devrait le faire. Sur le chemin je décide d’appeler ma mère pour prendre des nouvelles et me plaindre.

Je suis à l’arrêt de bus depuis quelques minutes et je me suis mis à l’écart car y a deux personnes qui attendent le bus et je suis toujours au téléphone. Moi ça me donne des envies de meurtre les trous du cul qui passent leurs appels au milieu des autres. Fatoumata me fait un geste de la main et me demande cash pistache « Tu pourrais nous 10€ ? »

Je n’ai rien sur moi. « Ça c’est parce que tu es sataniste, alors tu nous méprises, tu ne fais que parler… »

Je reprends ma conversation. Le bus arrive quelques minutes plus tard. Je m’installe à une place libre dans le fond du bus. J’entends que Fatoumata est en train de négocier pour que notre chauffeuse ouvre les portes du milieu pour que Moussa puisse monter avec son vélo. Sauf qu’il ne s’agit pas d’un petit vélo pliable. Non, on parle d’une bicyclette de la mort. Et donc Emeline refuse gentiment. Sauf que Fatoumata elle est en forme. Et à priori le vendredi c’est jour de gueulage. Au bout de trois minutes à se faire insulter, Emeline finit par souhaiter une bonne journée aux deux individus et repart sans eux.

Le reste du voyage se déroule sans encombre et je descends à Mont de Terre. Direction une maison décorée avec goût. Mais je n’y vais pas pour admirer le choix des peintures mais pour m’occuper de Janine la chatte multi centenaire du propriétaire. Je rentre ça sent un peu le ragondin. J’ouvre la fenêtre le temps de ma visite. Je m’empare d’un sachet, parce que oui c’est une chatte princesse. Je l’ouvre et le vide dans la gamelle. Mais je suis surpris Janine ne débarque pas en braillant pour tout boulotter. Je monte à l’étage la vache ça pue. Je m’occupe de la litière de sa majesté qui n’est toujours pas en vue. Je suis soudain inquiet. Elle a quand même 2349 ans et a utilisé 6,77 vies. Je monte donc au second pour vérifier si le chat est vivant ou mort (Schrodringer si tu nous regardes). Je découvre le félin sur un pouf. Elle semble endormie, ou morte. Je lui lance : Hé Janine t’es toujours en vie ? Pas de réponse. Je m’approche. Putain elle respire ! Je pense qu’en fait comme elle est sourde comme un pot elle ne m’a pas entendu. Je retourne en bas. Et après avoir classé le courrier je quitte les lieux. Direction la deuxième maison et la seconde chatte à nourrir.

A peine ai-je ouvert la porte que Felindra se rue sur moi et frotte énergiquement sa tête contre mes chevilles. Ça au moins c’est de l’accueil. Je descends à la cave nourrir la bête. Et je surpris de trouver la gamelle vide. Je pense que c’est pour cette raison que j’ai été si bien accueilli. Je verse donc quelques croquettes et m’occupe de sa litière. Pendant que de la main droite je pars à la pêche aux crottes de la gauche je gratte le cul de Felindra qui se goinfre. Ah la vie de chat…

J’ai fini ma tournée des félins, il est temps pour moi d’aller faire quelques courses. Et pour ça je me rends au Carrefour Marbrerie. Je déteste ce magasin mais je suis un peu léger niveau timing. De toute façon j’ai pas grand chose à prendre je vais pas camper sur place. Je remplis mon petit sac en coton des articles nécessaires et me dirige vers la caisse. J’opte pour celle avec le moins de monde. Y a juste un couple de vieux avec des bricoles. Josiane la caissière est une femme d’âge mûr, elle a sûrement de l’expérience et ne va pas se laisser déstabiliser par le bon de réduction de 20 centimes sur le caprice des dieux. Erreur. Dolores et Denis sont connus. Josiane commence la conversation « Ça fait longtemps qu’on vous a pas vu. » On est parti à la côte 5 jours. « Ah ça fait du bien quelques vacances pour couper du boulot » Ah mais on est à la retraite tous les deux. Je vous passe le reste de l’interminable conversation. J’ai opté pour mettre le volume de mes écouteurs à fond et me concentrer sur la douce voix de Todrick pour m’évader. Parce que Josiane elle passe pas les articles pendant qu’elle cause. Et au bout d’un temps interminable la caissière finit par annoncer le total. Et c’est à ce moment précis que Dolorès a appris qu’aujourd’hui exceptionnellement il fallait régler ses achats. Et donc prise au dépourvue, elle a commencé à chercher dans son sac… son chéquier ! Bah oui. Au point où on en était. J’ai eu le temps d’imaginer 14 façons de les assassiner avant qu’ils ne se barrent. Josiane passe mes articles sans même me dire bonjour. Mais je pense que même avec le masque il était facile de décrypter mon humeur. Elle m’annonce un montant. Je lui indique que je vais payer en carte resto. Y a que 4€ sur les 10 qui passent. Très bien. Je vais payer 4€ alors. « Je mets 17 mais vous inquiétez pas il va faire la différence. Je présente ma montre devant le TPE. « Ça marche pas. Ça doit venir de votre montre. La carte passe pas. » Je paye plusieurs fois par semaine dans plein d’établissements différents de cette manière. Le problème vient pas de ma montre. « Attendez j’essaye avec 4€ » Je représente ma montre. Et aussitôt je sens l’impulsion qui me notifie le paiement. Incroyabe. Je vais payer le reste en carte bleue. J’attends. Elle me regarde. « Vous pouvez y aller » – Non vous n’avez pas validé, le montant n’est pas affiché. « Ah oui, allez y » Bordel de merde, l’épreuve jusqu’au bout.

Je fonce vers le métro et arrive sur le quai pile au moment où une rame se présente. Je rentre et m’installe dos à une vitre. En face de moi y a une bombe atomique. La trentaine, blond, sapé comme un puceau du Rotary Club, gaulé comme un athlète. Je me rince les yeux. Et juste à côté y a un jeune beaucoup trop jeune mais avec des yeux d’un bleu incroyable. Au moins ils ont le mérite de me redonner le sourire.